Dans l’univers administratif, l’infaisable est l’ennemi du bien. Prenez la loi Taquet sur la protection de l’enfance, entrée en vigueur le 1er février. Elle prévoit l’interdiction de l’hébergement à l’hôtel des jeunes dépendant de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Ce type de logements a été jugé « peu sécurisant » et « fondamentalement inadapté pour l’accueil et l’accompagnement de mineurs » par un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) en 2020. Seuls les jeunes de 16 à 21 ans pourront désormais, par le biais d’une dérogation, y être mis à l’abri pour une durée maximale de deux mois, uniquement pour les « situations d’urgence », et avec une surveillance « de nuit comme de jour » par un professionnel « formé ». « Le problème, c’est que cette loi est dans les faits inapplicable », alerte François Sauvadet, président de l’Association des départements de France.
L’ancien ministre, président du conseil départemental de Côte-d’Or, évoque une « situation intenable ». Une sorte de goulet d’étranglement entre un afflux massif de mineurs et cette loi dont les grands principes tranchent avec la modestie des moyens sur le terrain. C’est aux départements d’accueillir ceux qu’on appelle les