« Ça fait des années que je suis fidèle à Mac mais en râlant beaucoup : c’est trop cher, c’est insupportable de ne pas pouvoir mettre de clé USB, ça dégueulasse la planète, ça se recycle mal, mais bon, moi qui ai connu lesdossiers ? Eh bien c’est pareil, mais ça va bien à mon cerveau qui est en arborescence lui aussi : mes idées sont contiguës, je les travaille par associations, alors à l’école, les plans en trois parties m’ont fait beaucoup souffrir. Donc pas de plan, mais des fils narratifs, des bribes d’histoires auxquelles je pense ensuite en marchant, en nageant, puis quand je me rassois à mon bureau, je dis : et je coupe, je jette, je monte, comme une réalisatrice qui bosse avec ses rushes, mais contrairement à elle, j’ai la chance de pouvoir reconvoquer mes personnages pour rejouer une scène ratée. Sur des Post-it et des dos d’enveloppes qui forment dans mes tiroirs des tiramisus d’archives, je note des trucs, comme par exemple sur la Solange de : Ces bouts de papier, ces pas grand-chose que je photographie et qui arrivent sur l’ordi, ça tricote, à force, la matière des personnages : à travers Solange et sa copine Rose, j’essaie de raconter comment le système patriarcal hétéro fait de nous, les femmes, des Frankenstein, des créatures composites qui, comme moi, ont grandi en lisant dans les magazines féminins des dossiers du type « Êtesvous frigide ? » et avec à la fois l’injonction de Ça donne, dans le roman, des scènes de cul entre corps patauds qui ont fait beaucoup rire mon éditeur et tant mieux, car moi, si je ne me marre pas en écrivant, c’est que, vraiment, ça va pas ! »
Marie DARRIEUSSECQ
Feb 01, 2024
2 minutes
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits