pour qui l’ordinateur est un doudou de 800 ans, voire un organe surnuméraire, un prolongement de la main ou du cerveau, pour moi, il n’est qu’un objet utile. En lequel je n’ai pas totalement confiance car on peut vous le piquer – votre main, votre cerveau, votre rate, on ne vous les pique pas. Alors tout) à mon bien-aimé, qui sait qu’il ne faut pas lire, puis je range les fichiers dans de grands dossiers – j’ai, avec mon ordi, une volonté d’ordre qui ne correspond pas du tout à mon bordel mental. Pour ne pas être distraite, je désactive Internet et éloigne le téléphone, même si au fond, comme tout le monde, je n’ai qu’une envie, c’est qu’on me dérange, qu’on me dise: mais de toute façon, j’écris le plus souvent la nuit à partir de 4 heures du matin – ayant le sommeil bousillé, je me lève à 3 h 30. Un horaire où il n’y a que le silence. La nuit, vous êtes encore dans la tourbe des rêves. La nuit, c’est un écran noir sur lequel vous projetez ce que vous voulez. Moi, en l’occurrence, j’y invente des lieux magnifiques d’autarcie – à l’image, dans le roman, de l’île fictive d’Iazza – mais qui, aussi, enferment, comme une cellule familiale ( j’adore ce mot). Des lieux qui sont des ailleurs, mais des ailleurs que mes personnages fuient… Ce qui me fascine, dans les romans, c’est leur architecture. Je me demande toujours: oh comment ça tient, cette petite affaire-là? Alors quand j’écris, je suis contente lorsque je sens que les fondations et les structures se forment. Pour autant, je n’ai pas de plan préalable – franchement, me lever à 3h30 pour écrire une dissertation, ça m’emmerderait! Et je réécris assez peu. J’avance à l’aveuglette, mais je sais, obscurément, où je vais. »
DANS L’ORDI DE… Véronique Ovaldé
Jan 05, 2023
2 minutes
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