Vanity Fair France

L’étrange AFFAIRE des CARTONS de BASQUIAT

ENQUÊTE

Un vendredi de juin 2022, en Floride, une nuée d’agents fédéraux investit l’Orlando Museum of Art (OMA). Sans prêter attention à la foule venue admirer les inédits de Jean-Michel Basquiat présentés dans l’exposition « Heroes & Monsters », ils décrochent des œuvres, sous le regard éberlué des visiteurs. Le soir même, l’affaire fait la « une » des journaux. Le directeur du musée, Aaron De Groft, alors en vacances en Italie avec sa femme, est remercié. « On a tout simplement coupé mon mail », raconte-t-il.

La surprise n’en était pourtant pas une. Le FBI enquêtait sur ces supposés Basquiat depuis près de dix ans. L’agence de renseignement avait saisi des ordinateurs du musée avant le vernissage, et le New York Times avait même publié un article mettant en doute la provenance des tableaux. Le raid du FBI est donc intervenu au bon moment : moins d’une semaine après, l’exposition se terminait et les tableaux devaient ensuite être expédiés en Italie.

Mais comment ces Basquiat sont-ils arrivés au musée d’Orlando ? Pour commencer, les enquêteurs s’intéressent au commissaire-priseur qui les a vendus, un certain Michael Barzman. Interrogé, il indique avoir livré ces tableaux « à la manière de » Basquiat à trois personnes, qui les ont ensuite prêtés au musée d’Orlando. Le catalogue de l’exposition présente d’ailleurs Barzman comme le « petit commissaire-priseur » qui aurait trouvé les chefsd’œuvre dans un garde-meuble acheté aux enchères à Los Angeles. Mais lors d’une nouvelle audition, les agents font une curieuse découverte. Sur une des peintures censées avoir été réalisées par Basquiat, ils trouvent, caché derrière d’épais empâtements, un autocollant d’expédition avec le nom de Barzman. L’intéressé bafouille : il ne sait absolument pas comment cette étiquette a pu se retrouver là. Huit jours plus tard, il passe aux aveux : oui, il a bien fabriqué, parfois en cinq minutes à peine, tous les Basquiat. « Il y a plus de dix ans, me fait-il savoir par son avocat, alors que j’étais désespéré et endetté par le

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