Le monde de la guerre froide se fissure avec le mur de Berlin, la société rêve de nouvelles révolutions de l’amour vite interrompues par l’irruption du sida, les électeurs français inventent la cohabitation. L’Express, lui, poursuit son chemin sans ses fondateurs, d’abord sous la houlette du fantasque britannique Jimmy Goldsmith, puis dans le giron de la Compagnie générale d’électricité. Dans les bureaux de l’avenue Hoche, à l’ombre de l’Arc de Triomphe, la rédaction, considérée comme la « Rolls des hebdos », s’efforce d’être à la hauteur de sa réputation. Elle multiplie les scoops, se déploie à l’étranger, expérimente de nouvelles rubriques. Les années 1980 sont celles du business flamboyant des petites annonces. Symbole de cet âge d’or, la fête donnée en 1989 à l’Opéra Bastille pour célébrer le n° 2001.
Est-ce la frénésie propre à l’époque ? L’Express aborde le milieu des années 1980 avec l’envie de grandir, de battre tous les records. L’envie aussi d’oublier le début de la décennie, quand le propriétaire Jimmy Goldsmith n’avait pas aimé cette Une de 1981 avec Valéry Giscard d’Estaing et provoqué le départ d’Olivier Todd qu’il jugeait trop favorable à la gauche. Jean-François Revel, Max Gallo et Albert du Roy avaient suivi. Avec le décès de Raymond Aron en octobre 1983, la rédaction se retrouve orpheline de la plupart de ses grandes figures. Qu’à cela ne tienne, la