L’ex-ministre ne lâche pas ses ambitions politiques. Mûrie par les coups, les trahisons et les épreuves, elle se dit prête à porter les couleurs de la gauche
Avec Bruno, son ami, elle a rajeuni. « Je suis tellement convaincue qu’il y a une façon plus aimante de gouverner la France »
«Mais pourquoi est-ce que je renoncerais ? » Le regard, faussement surpris, a soudain des éclats métalliques. Ségolène Royal n’a rien abdiqué de sa volonté d’incarner une liste d’union de la gauche pour les européennes de 2024. Les errements de Jean-Luc Mélenchon sont actés, « il a commis une grave faute en ne condamnant pas la nature terroriste du Hamas » (NDLR : après les attaques sanglantes contre Israël), mais elle en est persuadée, il faut distinguer les électeurs des dirigeants, qui parfois, trahissent leurs propres troupes. Et côté trahison, Mme Royal en connaît un rayon. Des plus intimes aux plus politiques, des plus secrètes aux plus publiques : « Comment ai-je eu le courage de monter comme cela au créneau depuis tant d’années ? Je crois que c’est un truc de passion et d’amour de la vie », confie-t-elle.
On l’a donnée cent fois blessée, brisée et même morte, mais à chaque mai 2007], tout cet amour de la foule, c’était le moment le plus heureux de ma carrière. Pour les Français, c’était aussi la dernière confrontation droite-gauche de deux personnalités de haut niveau qui ne se trouvaient pas là par hasard, qui offraient un choix entre deux modèles de société différents. » Et pan sur le bec, pour la campagne de 2012 qui porta son ancien compagnon François Hollande à la présidence de la République. De lui, elle ne veut plus parler. Ses comptes, elle les a réglés dans son livre – « Ce que je peux enfin vous dire » (éd. Fayard 2018) – où sont déclinées toutes les avanies et les humiliations subies. C’est à présent derrière elle, cicatrisé mais pas oublié, même si, avec le temps, la famille a retrouvé la sérénité. Thomas, le fils aîné du couple, s’est marié en septembre 2018, entouré de ses proches et de ses deux parents.
