À QUOI RECONNAÎT-ON une déferlante en 2023? Peut-être à l’éclatement des bulles qu’elle provoque, et au déplacement des lignes qu’elle opère. Je m’explique.
Je parle naturellement de Taylor Swift. Bien sûr, la concernant, il y a eu les signaux habituels, la rumeur qui parvient de places impossibles à trouver, plus de deux millions de demandes en une journée, Ticketmaster qui s’effondre, les chiffres qui circulent, 100 millions d’auditeurs réguliers par mois sur Spotify et les mises en place de CD et de vinyles dignes de “l’ancien temps”. Et puis ce symbole qui marque le phénomène: l’entrée de l’artiste que la chanteuse incarne à elle seule l’ensemble des questionnements d’adolescents et de jeunes adultes, que ses paroles reflètent les aspirations et frustrations de chacun et chacune des membres de son public, et que ses concerts, dès lors, tiennent de la thérapie collective. Il y a enfin le microséisme ressenti par la ville de Seattle pendant l’interprétation de “Shake it Off”, et les réactions désolées autour de l’empreinte carbone stratosphérique de sa tournée.