« A guitaaaar ! I-am-HA-PPY ! » Nous sommes en 1995, une douzaine de jours après que Taylor a fêté son sixième anniversaire. La famille Swift est réunie autour du sapin de Noël dans leur maison de Reading, Pennsylvanie. Dans son pyjama rose à motifs, sa chevelure blonde déjà imposante surmontée d’un chouchou, elle défait, arrache plutôt, le paquet cadeau vert qui lui est destiné. Sur l’image tremblée, typique d’une vidéo familiale « homemade » de l’époque, on devine la présence protectrice, hors champ, de son père Scott, à la caméra. Et de sa mère Andrea, assise en pyjama bleu dans le canapé multicolore. À genoux sur la moquette couleur rouille, Taylor pousse alors ce drôle de rugissement, entre cri de guerre et soupir profond de satisfaction : « A guitaaaar ! » Comme si elle venait de déterrer un trésor enfoui. Issue de Taylor Swift : Miss Americana (1), un passionnant documentaire, la séquence est saisissante. Elle agit tel le révélateur, le moment « eurêka » d’une vocation précoce et d’une incroyable carrière à venir, celle de l’une des plus grandes pop stars de tous les temps.
Vingt-sept ans se sont écoulés. C’est pourtant bien la même petite fille en pyjama rose de ce (2), le film de tous les records de sa tournée américaine. Sorti le 13 octobre 2023, il a provoqué un tel « blast » planétaire qu’il a obligé de grands studios, dont Universal, à reporter la sortie de leurs productions ou avec Hilary Swank). Un tsunami de chiffres et superlatifs s’abat depuis jusque dans les pages économiques des grands médias internationaux. L’agence Bloomberg estime désormais la fortune de Taylor à une valeur nette de 1,1 milliard de dollars (1 milliard d’euros). Loin devant Beyoncé ou Madonna. L’autrice de rejoint ainsi… Paul McCartney, l’ex-Beatles, au panthéon des auteurs-compositeurs-interprètes les plus riches de tous les temps – comprendre : qui vivent pour l’essentiel de leur propre musique, moins de leurs investissements dans le luxe comme Rihanna. se réjouit Sandrine Galand, professeure de littérature à Montréal et autrice du livre