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Travail : le nouveau mal français

Septembre est là. Les mails non lus encombrent les messageries, l’agenda Outlook se repeuple de réunions, le téléphone sonne à nouvaeau. Cette rentrée mobilise davantage de Français que l’an passé. Le secteur privé comptait presque 250 000 salariés de plus fin juin qu’à l’été 2022. Le taux d’emploi des 15-64 ans, à 68,6 %, s’est installé à son plus haut niveau de mémoire d’Insee, soit depuis 1975. Le chômage, 7,2 % au deuxième trimestre, se stabilise à un plancher inédit depuis 2008.

Pourtant, le compte n’y est pas. Les Français travaillent moins que leurs voisins européens. Les derniers chiffres publiés remontent à 2019 mais l’écart est éloquent : on dénombrait 1 680 heures travaillées en moyenne par an dans l’Hexagone pour un salarié à temps complet. Soit 8 % de moins qu’un Allemand et 9 % de moins que la moyenne de l’Union européenne. « Même si les comparaisons internationales sont difficiles, la France se situe bien dans le bas du classement. En outre, la situation de nos finances publiques continue de se dégrader et nous accusons un déficit de la balance des paiements courants. Notre niveau de vie est trop élevé par rapport aux revenus générés », souligne Anthony Morlet-Lavidalie, économiste chez Rexecode. Son confrère Jean-Marc Daniel, professeur à l’ESCP (et chroniqueur à L’Express), abonde : « Nous ne , à paraître le 14 septembre aux éditions de l’Archipel le journaliste économique de LCI Pascal Perri enfonce le clou : « L’allergie au travail, voire son rejet, menace gravement notre modèle social. C’est un défi de grande ampleur, puisqu’en France les actifs financent les inactifs en temps réel. Ce modèle ne tolère aucune rupture de charge. Que se passerait- il si une génération venait à manquer à son devoir de solidarité pour abonder les pensions des retraités ? L’effondrement du système ! ». Les pistes macroéconomiques pour relancer la machine ne font pas consensus, mais elles ne manquent pas. Poursuivre la réforme des retraites en allongeant la durée du travail tout au long de la vie, dans les métiers les moins pénibles. Supprimer des jours fériés. Encourager l’immigration économique, pour contrebalancer le déclin démographique. Renversantes, elles trancheraient avec l’engourdissement général dans lequel la France s’est enfoncée à l’égard du travail. Une léthargie qui vient de loin.

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