Les conquêtes mongoles résultent avant tout de la capacité d’une armée autosuffisante à opérer en perpétuel mouvement, dans les espaces « fluides » de la grande steppe eurasiatique. La réputation de l’armée de Gengis Khan, née d’une série bien réelle de victoires impressionnantes, a contribué à l’amplification de ses succès, poussant leurs adversaires à reconnaître et accepter leur domination. Pour autant, les Mongols n’étaient pas invincibles, comme le montre toute une série de revers – même si certains ont été infligés avec un sérieux coup de pouce de la nature et de la Mort, grande pourvoyeuse de querelles de succession.
Le premier coup de frein significatif à l’avance des hordes semble être l’œuvre des Bulgares de la Volga, qui parviennent un temps à retarder l’armée mongole de la mission de l’Ouest, commandée par Subotaï et Djebé. Ce succès est l’aboutissement d’une tactique assimilable à la « guérilla ». Les Bulgares évitent en effet délibérément les batailles rangées et se dérobent sans cesse à l’approche des cavaliers mongols, tout en harcelant leur ravitaillement. À l’automne 1223, ils finissent par les attirer dans une embuscade de grande échelle, dans le sud de leurs territoires. Le combat qui s’ensuit, connu sous le nom de bataille de Kernek, se déroule près de Samara. Il prend la forme d’un soudain retour offensif des Bulgares qui surprend les Mongols. Il n’existe qu’un seul récit de cet affrontement, dans les écrits de l’historien musulman Ibn al-Athir, qui ne permet pas d’en garantir totalement l’exactitude…
La suite des événements laisse d’ailleurs penser que les Mongols n’ont guère été affaiblis durablement par cet échec. Il est probable que seuls des éclaireurs ou une petite avant-garde ont été impliqués dans cette défaite. Car dès 1229, les envahisseurs reviennent dans la région et les Bulgares de la Volga sont bientôt contraints de faire leur soumission. Il faut attendre encore quelques décennies pour que les Mongols aient