Juillet 1281. Une armada mongole se masse dans les rades coréennes et dans l’estuaire du Yang-tseu-kiang en Chine. 4200 navires et 140000 hommes composent cette force d’invasion amphibie encore jamais vue rassemblée par Kubilaï, petit-fils de Gengis khan. Son objectif: le Japon. Partout, les moines prient les kami, dieux traditionnels du culte shinto, ou les divinités des cieux bouddhistes, pour protéger l’archipel… Seul un miracle pourrait sauver les Japonais de l’asservissement annoncé. Car personne n’est encore parvenu à freiner l’appétit conquérant des hordes. En 1281, en effet, les Mongols sont au faîte de leur puissance. La Chine tout entière est subjuguée pour la première fois de son histoire. Malgré le spectre d’une partition de son empire, le grand khan Kubilaï règne en principe sur un territoire qui s’étend des marches de l’Europe à la Corée, où les dernières poches de résistance de la péninsule ont enfin été réduites. Mais quelques joyaux, à portée de main, manquent encore à sa robe d’apparat. Le Japon, par exemple.
Kubilaï khan (1215-1294) succède à son frère Möngke en 1260. Vainqueur de la guerre civile qui agite alors l’Empire mongol, Kubilaï renforce les liens avec la Chine, fondant en 1271 la dynastie impériale des Yuan et faisant de Cambaluc (Pékin) sa capitale. Grand constructeur et bon militaire autant que fin politique, Kubilaï achève la conquête de la Chine du Sud en soumettant la dynastie Song en 1276. Il est le « Grand Sire » décrit par Marco Polo, « ».