Elisabeth Borne a été nommée à Matignon le 16 mai 2022, sans le savoir deux jours avant, sans avoir avec le président la moindre discussion politique sur le déroulé des mois suivants. C’est à la fois rassurant pour tous les successeurs potentiels et significatif du fonctionnement d’Emmanuel Macron : sa conception de la fonction de Premier ministre est celle d’un exécutant dont il n’attend pas qu’il ait du poids et encore moins qu’il lui fasse de l’ombre.
Au commencement, le rêve. Celui qu’ont fait tous les présidents avant lui : trouver le Premier ministre qui réussirait l’impossible, briller par son efficacité, pas par sa popularité. Eblouir sans éclat. Aussitôt élu, Emmanuel Macron s’est réjoui d’avoir déniché la perle rare en la personne d’Edouard Philippe. Sur son passage, des mois durant, les Français murmuraient : « C’est qui lui déjà ? » « Arthur Martin », raillaient, à droite, les amateurs de bons mots. Lui ou un autre, peu importe. Puis, l’inconnu s’est densifié, les Français ont appris à le reconnaître à la télé et sa cote de popularité a grimpé aussi vite que l’agacement du chef de l’Etat. Plus jamais ça, a songé ce dernier. Jean Castex puis Elisabeth Borne sauraient rester à leur place, habiter une notoriété modeste n’empiétant pas sur