BIBLIOTHÉRAPIE
En 384 pages, Danièle Tritsch et Jean Mariani, deux neurobiologistes, anciens professeurs d’université, dressent un tableau très complet des violences sexuelles et de leurs impacts sur le fonctionnement du cerveau. Dans , l’enjeu est clairement posé par les deux auteurs: il faut mettre fin au déni et à la méconnaissance de la gravité desengendrées par ces violences insupportables, qui sont massives et systémiques. Il n’est pas seulement question ici d’un livre de neurobiologistes, mais également d’un essai historique, sociologique et médical, montrant l’incidence colossale d’une culture de la soumission des femmes par les hommes, et exposant les racines de la violence et des agressions. De l’histoire à la sociologie, en passant par la philosophie, l’anthropologie, la psychanalyse et bien sûr les neurosciences, ils convoquent plusieurs spécialités pour tenter de décrypter les comportements humains opérant dans les violences sexuelles. Si celles-ci existent dans toutes les espèces animales, la nôtre est celle qui se montre , rappellent les auteurs. La force de leur propos permet une réflexion sans passion, et ouvre le débat avec des éléments irréfutables en nous révélant l’ampleur du désastre , et à quel point les conséquences immédiates et à plus long terme sur la santé physique et mentale des victimes sont protéiformes. Les perturbations peuvent parfois persister des années, voire toute une vie: déficits cognitifs, symptômes psychotiques, dépression, phobies, anesthésie émotionnelle, troubles de l’humeur, du sommeil, mauvaise gestion des émotions, faible estime de soi, désordres de la personnalité, troubles obsessionnels compulsifs (TOC), perturbations des liens d’attachement au sein d’un couple ou avec ses propres enfants, conduites addictives, comportements autodestructeurs, voire suicidaires, entrée précoce dans la vie sexuelle, troubles de la sexualité et prostitution, etc.