e témoignage assez extraordinaire révèle une fois de plus les limites de la technologie face à l’astuce rustique. L’histoire en fourmille d’exemples, depuis le bon vieux téléphone filaire qui déjoue les écoutes chargés de les intercepter. Les Serbes révèlent pendant la guerre du Kosovo un talent inégalable dans l’astuce . Ils construisent de faux chars en bois recouverts d’aluminium et équipés d’un radiateur simulant la chaleur du moteur. Ou simulent des radars en montant des magnétrons de fours à micro-ondes sur un plateau tournant, comme le raconte Zoltán Dani. Les aviateurs de l’OTAN tombent-ils dans le panneau ? Sans doute pas totalement. Mais ils ont pour consigne de ne négliger aucune menace, et il est probable qu’une partie des 743 missiles antiradar HARM tirés (à 284 000 dollars pièce) a servi à pulvériser de l’électroménager… Le système D a tout de même ses limites. Sans renier aucunement son génie tactique, Zoltán Dani bénéficie d’une série d’erreurs et de négligences américaines. La plus grave est l’absence de l’avion EA-6B Prowler chargé de brouiller les radars basse fréquence qui se trouvait apparemment hors de portée ce jour-là. Outre le réseau de renseignement rustique qui leur permet d’observer les décollages et de deviner les raids, les Serbes bénéficient par ailleurs de l’exiguïté de leur espace aérien qui contraint les attaquants à emprunter des passages obligés – et à s’exposer à des embuscades. Dont il ne faut pas exagérer l’efficacité : sans Zoltán Dani, la DCA yougoslave serait restée bredouille en dépit de 815 engins tirés (dont 188 S-125/SA-3), un résultat modeste, sachant que Belgrade disposait de milliers de missiles à guidage radar et infrarouge, sans compter 1850 canons antiaériens. Au moins la menace aura-t-elle forcé les aviateurs de l’OTAN à rester prudents et voler haut, ce qui a dégradé quelque peu leurs performances.
L’AVIS DE LA RÉDACTION
Dec 14, 2022
1 minute
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