«C’était comme un bout de Lune qui se serait abîmé en mer. » C’est ainsi que les Marines qualifient l’île d’Iwo Jima qu’ils découvrent le 19 février 1945. Partie émergée d’un vaste cratère volcanique, ce confetti de huit kilomètres sur quatre est étonnamment plat et peu accidenté, juste marqué par la présence massive à la pointe sud du mont Suribachi (169 m). On n’y trouve presque pas de végétation sur une roche noire affleurante : ce qui apparaissait du ciel comme des plages recouvertes de sable est en fait constitué de fines cendres volcaniques dans laquelle les hommes s’enfonceront jusqu’aux genoux. Pour couronner le tout, le débouché de la plage est barré par un éperon de roches et de cendres d’un mètre de haut. Le général Kuribayashi, qui commande la garnison de 18 000 hommes, a compris que les Américains allaient avoir le plus grand mal à s’en extraire et qu’il valait mieux les laisser s’y entasser avant de déchaîner son artillerie – 361 pièces d’un calibre supérieur à 75 mm, plus 269 tubes antichars de 25 et 47 mm.
Mais le pire est encore à venir. La roche volcanique, semblable à de la pierre ponce, est facile à creuser. Pendant les mois qui précèdent l’assaut, les Japonais s’enterrent, parfois sur trois niveaux d’une profondeur cumulée de quinze mètres. « » commentera un d‘usure jusqu’au dernier homme.