Le Brooklyn a ouvert le feu à 07 h 20. 7 ou 8 navires et transports se mettent en position; ceux près de la côte tirent… Préparatifs pour le débarquement. 08 h 25: quatre canots envoyés pour transporter et débarquer les troupes. 08 h 32: Fort Fisher ouvre le feu sur les ironsides… 08 h 42: premières troupes à terre… » Ces notes laconiques sont prises sur le vif au matin du 13 janvier 1865 par Richard H. Greene, chirurgien à bord d’un vapeur à roue de l’Union, l’USS State of Georgia. Le navire fait face à une plage de sable de Caroline du Nord, non loin de Fort Fisher, objectif de l’expédition: un imposant complexe fortifié de terre, de sable et de bois que les Confédérés ont hérissé de canons lourds tournés vers mer et terre à l’embouchure de la rivière Cape Fear. Ce « Gibraltar » ou « Malakoff » est la clef de Wilmington, 25 kilomètres en amont, l’ultime grand port du Sud encore accessible aux forceurs de blocus (voir p. 51) venus des Caraïbes.
On qualifie d’ironsides (« flancs de fer ») ou ironclads (« bardés de fer ») des navires dits cuirassés – à coque de fer ou de bois renforcée d’acier – apparus dans les années 1860.
Le fort russe de Malakoff est pris d’assaut par la division du général Mac Mahon le 8 septembre 1855, scellant la chute de Sébastopol assiégée et la fin de la guerre de Crimée.
Les forceurs de blocus (Blockade runners) parfois surnommés « fantômes gris » sont des navires rapides et profilés à faible tirant d’eau entrant et sortant discrètement des ports du Sud, ramenant matériel de guerre, médicaments ou produits de luxe importés d’Europe via les Caraïbes contre du coton. Peu risqué en 1861, l’exercice devient progressivement impossible avec le blocus. Environ 50 % des navires seront interceptés au cours de leur voyage, réduisant de 95 % les exportations de coton en 1865.
Wilmington est une noix dure à craquer. À Noël 1864, une première offensive combinée nordiste s’y est déjà cassé les dents. Malgré un débarquement réussi et une progression prometteuse, le général Butler a brutalement fait évacuer son monde après avoir perdu 300 hommes. Mais l’enjeu est trop important pour en rester là. « » a prévenu le vice-ministre de la Marine de l’Union, Gustavus Fox; « » a écrit