Évoquer l’état-major de Napoléon Ier suppose de dépasser le champ militaire. En effet, l’Empereur est d’abord un dirigeant politique qui prend personnellement la tête de la Grande Armée, c’està-dire de la portion de forces destinée à opérer sur le principal théâtre d’opérations. Cette confusion des rôles est à l’origine de l’apparente complexité du GQGI, le Grand Quartier Général impérial. Le point fondamental réside dans le fait que Napoléon décide seul, sans s’appuyer sur la réflexion collective et les propositions de l’équipe de spécialistes que constitue un état-major moderne. Son mode de travail, fondé sur la « méditation » pour reprendre ses propres termes, est caractéristique de sa personnalité, marquée par d’exceptionnelles capacités de synthèse.
Un GQGI segmenté
Le trait immédiatement perceptible du GQGI demeure sa segmentation en trois entités. La première, la Maison militaire de l’Empereur, est le véritable centre opérationnel et mêle les trois niveaux décisionnels, stratégique, opératif et tactique. L’état-major de l’Empereur, dirigé par Berthier, et l’Administration générale de l’armée, aux ordres de l’intendant général, ne sont en revanche que des appendices destinés à assurer le fonctionnement de la Grande Armée.
Napoléon n’écrit pas : il dicte lettres et instructions, relit, corrige et signe.
La Maison est le seul organisme permanent de commandement dans la mesure où les collaborateurs que Napoléon emmène en campagne sont ceux qu’il emploie à Paris. Dirigée par le grand maréchal du palais Duroc et par le grand écuyer Caulaincourt, elle est elle-même subdivisée en trois branches. La première regroupe préfet du palais, chambellans et domestiques qui assurent la vie matérielle) répartis en 10 brigades. Cet équipage imposant doit garantir en permanence la mobilité de Napoléon et de son entourage immédiat.