Ce n’est qu’en 1926 qu’un premier programme de constructions navales donne quelque consistance à la marine soviétique. Encore ne s’agit-il que d’unités légères. L’essentiel des crédits – sacrifiés à ceux de l’aviation et des blindés – est affecté au développement des bases navales et à la création de toutes pièces d’une flotte dans le Pacifique (1932) et dans le Grand Nord (1933). Les deux flottes principales – Baltique et mer Noire – ne se voient assigner que des missions défensives qui mettent l’accent sur les fortifications côtières et sur les sous-marins. À partir de 1932-33, la doctrine de l’Armée rouge devient résolument offensive. Il s’agit dorénavant, en cas d’attaque, de porter immédiatement la guerre sur le sol ennemi, d’où le développement de forces mécanisées rapides. La doctrine navale répercute ce grand tournant en lançant, en 1936, un (modeste) programme de renforcement de la marine océanique susceptible d’aller interrompre les communications des futurs adversaires.
Encore loin du combat amphibie
En 1941, ce programme est loin d’être achevé. La flotte rouge compte certes près de 600 bâtiments, mais les quatre cinquièmes du tonnage consistent en torpilleurs de faible gabarit, sous-marins et petits monitors fluviaux. L’inventaire de l’aéronavale donne le total impressionnant de 2581 appareils, mais les neuf dixièmes sont obsolètes. La doctrine prévoit bien que la marine aura à appuyer les opérations terrestres sur ses deux flancs – Baltique et mer Noire, donc –, mais aucune manœuvre interarmes n’est menée. Les opérations amphibies ne sont étudiées que d’un point de vue théorique ou historique, les textes sont des traductions de langues étrangères. Surtout, l’on chercherait en vain un navire de débarquement spécialisé: il n’y en a pas un seul. Le 22 juin 1941, l’infanterie de marine ne compte qu’une brigade et trois bataillons, soit moins de 8000 hommes, autant que sous Pierre le Grand au début du XVIIIe siècle. Ces forces squelettiques, sans le moindre entraînement au combat amphibie, seraient bien en peine d’imiter les exploits de leurs prédécesseurs qui avaient été capables, en 1799, de prendre aux Français la forteresse de Corfou puis Naples en 1806.
Dresser un tableau des activités amphibies soviétiques durant la Grande Guerre patriotique
