AZSepp Dietrich. Va-t-il la jeter, comme le demande Guderian, chef d’état-major de l’armée de terre, devant les forces soviétiques qui, le 12janvier, ont percé sur la Vistule et qui, le 30 janvier, sont à 65 km de Berlin? Non : Hitler ordonne que son dernier atout soit abattu sur… la plaine hongroise! Son argument : pour continuer la guerre, il faut du pétrole. Or, l’US Army Air Force ayant détruit toutes les usines d’essence synthétique, et les Soviétiques s’étant emparés des gisements roumains, le Reich n’a plus à sa disposition que les puits hongrois de Nagykanizsa et la raffinerie de Komarom. Comme il est impossible de transporter ce pétrole – les raffineries du Reich sont détruites, les trains écrasés par les aviations anglo-américaines –, seul le groupe d’armées Sud, responsable du théâtre Hongrie-Carpates, est en mesure de l’utiliser sur place. Sur ce point, Hitler a raison. Mais son raisonnement est insensé sur le plan stratégique : avec ou sans ce pétrole, l’économie du Reich est en voie d’effondrement total. Un ordre du Führer ne se discute pas, cependant, et dans le plus grand secret, la 6e armée Panzer SS est transportée en Hongrie au début de février 1945.
Si les diverses tentatives de dégagement de Budapest () n’ont pas permis à la Wehrmacht d’empêcher, le 13 février 1945, la chute de la capitale hongroise, elles ont créé sur la ligne de front un saillant entre les lacs Balaton et Velence : le Danube n’est qu’à 40 km. L’idée d’Hitler est d’utiliser ce saillant pour anéantir par une triple attaque convergente le 3 Front d’Ukraine positionné entre les lacs et le Danube. Puis, dans une seconde phase, d’aller battre plus au nord le 2 Front ukrainien préposé à la défense de Budapest. Vision grandiose qui n’est qu’un songe tant la disproportion des forces est accusée. Néanmoins, avec la conscience professionnelle qui les caractérise, les étatsmajors des groupes d’armées Sud (général Otto Wöhler) et E (général Alexander Löhr) planchent sur une triple opération et rassemblent toutes
