"19 février 1943. Nuit calme… 4 h 50, ordre de l’armée : le Kampfgruppe DAK doit attaquer dans la journée la passe de Kasserine, au nord-ouest de la localité du même nom, par la route de Thélepte. Toutes les troupes doivent être prêtes à marcher immédiatement. » Ces quelques mots tirés du journal de marche du fameux Deutsches Afrikakorps (DAK, voir zoom p. 36) ouvrent sur ce qui est considéré depuis les travaux de l’historien militaire américain Martin Blumenson (voir bibliographie p. 57) comme l’une des plus graves défaites alliées de la Seconde Guerre mondiale : Kasserine, nom fatidique encore marqué au fer rouge dans la psyché sensible de l’US Army, un de ces périls que l’historiographie d’outre-Atlantique se plaît à déplorer pour mieux révéler la gloire.
Revenons un peu en arrière. En novembre 1942, les offensives simultanées de la 8 armée britannique à El Alamein (opération Supercharge) et de la 1 armée anglo-américaine débarquant en Algérie et au Maroc (opération Torch), bien que distantes de 3000 kilomètres, menacent d’anéantir les forces de l’Axe en Afrique du Nord. À la mi-novembre, les Alliés sont à Bône (Annaba), dans l’Est algérien, prêts à passer en Tunisie. Mais ils pataugent au bout de lignes de ravitaillement étirées, et l’Axe les prend de vitesse. Tandis que le maréchal Rommel et le maréchal Bastico évacuent précipitamment la Libye, le et le maréchal Kesselring, patron du front de Méditerranée (, OB Süd), expédient depuis du général von Arnim et ses 175000 soldats. Laquelle déchire le mince rideau tiré par les troupes françaises ralliées et bloque l’avance alliée à une centaine de kilomètres à l’ouest de Tunis.