"Ce fut l’un des coups les plus rudes dont je me souvienne au cours de la guerre. Non seulement ses conséquences militaires furent graves, mais il ternit la réputation des armées britanniques », affirme Churchill dans ses Mémoires à propos de Gazala. Et pour de bonnes raisons. L’affrontement paroxystique qui voit s’affronter plus de 200000 hommes et près de 1300 chars à Gazala en mai 1942 révèle une équipe germano-italienne au meilleur de sa forme contre des Alliés au plus bas. Quant aux sueurs froides du Premier ministre, elles sont justifiées : la débâcle fait reculer les lignes alliées de plus de 500 km, abandonne à l’Axe la base stratégique de Tobrouk et porte le Deutsches Afrikakorps (DAK) à 100 km d’Alexandrie et 300 km du canal de Suez.
Et pourtant, le général Ritchie, patron de la 8 armée, pensait bien avoir assuré ses arrières… Le 25 mai 1942, veille de la catastrophe, il a eu près de six mois – bien plus que n’en auront les Soviétiques à Koursk – pour se retrancher sur la « ligne de Gazala ». Cet ensemble de défenses linéaires barre sur 80 kilomètres de largeur l’est libyen, en avant du précieux port de Tobrouk conquis début 1941 et que Rommel n’est pas parvenu à atteindre depuis faute de moyens et de logistique. Les deux camps profitent bien sûr de cette longue pause opérationnelle pour accumuler matériel et ravitaillement, mais Ritchie n’est pas aussi bien loti qu’il aimerait : il a dû en effet céder une partie de ses forces au théâtre d’Asie-Pacifique qui s’est embrasé fin 1941. Ritchie a donc organisé