En 1859, deux ans après la création des tirailleurs sénégalais, deux compagnies asiatiques participent à la prise de Saigon, point de départ de l’implantation française dans la région. Leurs rangs sont formés de réfugiés chrétiens recueillis lors de la démonstration de la marine devant Tourane (Da Nang) en 1858, et de coolies chinois soldés. Ces unités de pure circonstance ne sont qu’un début. Le besoin de bras armés se faisant sentir pour développer l’assise coloniale, les amiraux gouverneurs de Cochinchine recrutent d’abord des miliciens sans grande valeur militaire puis envisagent début 1861 de véritables unités régulières encadrées par des officiers et sous-officiers français.
L’amiral Charner envisage d’abord un bataillon par province. Excessive ambition: les soldats refusent de se laisser couper les cheveux (signe de rébellion dans la culture traditionnelle), dédaignent les brodequins qui blessent leurs pieds et désertent à l’envie pour rentrer au village. Les milices, mieux implantées, concurrencent le recrutement. L’unique bataillon créé à Saigon est vite réduit à une seule compagnie, et l’échec est entériné en 1876 par la dissolution de l’unité. Il faut attendre l’arrivée en Cochinchine du pouvoir civil pour voir une nouvelle tentative couronnée de succès: le 2 décembre 1879 est officiellement constitué le régiment de tirailleurs annamites (RTA), une des premières unités indigènes régulières de l’Empire français.
L’auteur : Henri Eckert est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (INSPÉ) Martinique, et l’auteur d’un ouvrage sur l’armée d’Indochine (voir bibliographie p. 31).
Les premiers soldats du RTA sont issus des milices,
