François Ruffin, vous avez créé la polémique dans votre propre camp en déclarant: « Je suis là pour que la valeur travail revienne à gauche ». Vous y attendiez-vous?
François Ruffin Non. Mais puisque je suis dans un débat avec le Medef, permettez que j’attaque franco: la semaine dernière, j’ai rencontré un patron d’une briqueterie à Libos, dans le Lot-et-Garonne. L’entreprise a été vendue par Saint-Gobain, rachetée par un fonds de pension, revendue, etc. Bref, une débandade. Il me dit: « Le capital tue le travail. » Dans notre pays, le travail est maltraité, méprisé, humilié depuis quarante ans. C’est le travail réduit à un coût et un coût à réduire. Je suis attaché à la valeur du travail. On se réalise en réalisant. Je rencontre plein de gens qui ont une fierté du travail: c’est le maçon qui se recule de trois mètres et qui regarde son mur, c’est la coiffeuse qui passe un miroir devant votre nuque et qui vous montre que la coupe est bien faite. Mais j’en vois d’autres pour qui le travail s’effectue avec honte, qui disent qu’ils font mal leur boulot…
Les cris d’orfraie sur « la valeur travail » ne sont pourtant pas venus du patronat, ou de la droite, mais de votre camp…
Je le dis à la gauche: le Parti communiste dans l’après-guerre a héroïsé les mineurs de fond et les métallos en leur disant: « C’est vous qui reconstruisez la France ». La crise Covid a montré l’impératif du travail, l’utilité des travailleurs. Emmanuel Macron a dit [il cite de tête]: « II faudra se rappeler que notre pays tout entier repose aujourd’hui sur ces femmes et ces hommes que nos économies