MÊME VIVANT, DAVID BOWIE AURAIT CERTAINEMENT DÉCLINÉ L’INVITATION À S’EXPRIMER À PROPOS DE “THE RISE AND FALL OF ZIGGY STARDUST AND THE SPIDERS FROM MARS”. Sans avoir forcément d’autres chats à fouetter, il aurait peut-être eu mieux à faire, à soixante-quinze ans et des poussières, même d’étoiles, que de causer dans un énième micro de l’album phare de sa deuxième vie (on en dénombre autant qu’on veut) et, surtout, de sa lente mutation de touche-à-tout sur le qui-vive en génial colonisateur du rock des années soixante-dix. Sans lui et, évidemment, quelques autres, cette décennie ne se serait jamais vraiment remise de la séparation des Beatles. Et puis, il le répétait quand il s’exprimait encore publiquement, Bowie avait trouvé que le succès s’était fait attendre. Car c’est à l’adolescence, lorsque le jazz prisé par son demi-frère, le rhythm’n’blues qu’écoutait son ami Geoff MacCormack et les disques des pionniers du rock’n’roll qu’il découvrait au rayon musique du magasin Medhurst, à Bromley que le banlieusard du sud-est de Londres a su que la musique, dont son père redoutait qu’il veuille en faire son métier (mais en l’encourageant toutefois), était sa voie.
Et donc, en années Jones/Bowie, celui-ci va en mettre une petite dizaine à concrétiser ses aspirations. Sérieuses, mais bordéliques, aux contours poreux et granuleux. Au point de se laisser ballotter par les opportunités, les élans du cœur et du corps, et les désirs des autres, de proches qui, au bout du compte, mettront le feu à ses poudres tout en décrochant la lune, eux aussi, mais par procuration. Si tous ses premiers chemins ont finalement mené à Ziggy Stardust, c’est d’abord et surtout parce que David Bowie, mieux et plus subtilement que les autres, a été, sa , son (pour reprendre des expressions qu’il employait), était l’homme de sa vie. Jusqu’en 2004,