“The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars”
David Bowie
Première parution: 6 juin 1972
En janvier 1972, David Bowie est considéré comme un excentrique efféminé portant de longs cheveux blonds et s’habillant de robes de velours. Durant sa carrière, déjà longue de huit ans — son premier single date de 1964 —, il n’a rencontré qu’insuccès et indifférence, mis à part un tube éphémère, “Space Oddity”, sorti en juillet 1969. Mais son dernier album ultra-référencé, “Hunky Dory”, est salué par la critique qui l’entrevoit comme un artiste intéressant à suivre. C’est durant son” pour se renouveler — et propose une synthèse d’influences disparates associant pêle-mêle la provocation sexuelle des œuvres d’Andy Warhol (notamment “Pork”), la violence urbaine d’Iggy Pop, la poésie décadente de Lou Reed, mais aussi “Orange Mécanique”, le rockabilly… En d’autres termes, c’est la rencontre calculée de “Nijinsky et Woolworth’s” sur une table de mixage, le mariage du grand art et de la banalité quotidienne. Enregistré dans la foulée de “Hunky Dory”, l’album ne sortira qu’en juin 1972. En revanche, la tournée Ziggy Stardust commence quatre mois plus tôt. Et sur scène, l’œuvre prend toute sa dimension plastique où les costumes extravagants, le maquillage, le recours au mime et au théâtre kabuki exaltent les foules avides de gloire et de sens. Bowie incarne Ziggy à la scène, mais aussi à la ville, où chacune de ses apparitions crée l’hystérie populaire, nourrit les tabloïds et intrigue les journalistes partagés devant cette vision postmoderne du rock. Bowie épouse tellement son personnage qu’il se dit gay, puis bisexuel (il démentira dans les années 1980), se vit et s’appréhende comme un alien (ses yeux vairons et sa pupille dilatée renforcent ce sentiment d’étrangeté).