Après la théorie, passons à la pratique. Pour illustrer notre enquête sur le mystère des vins de voile (lire p. 52), nous avons parcouru les vignobles d’Europe et d’Afrique du Sud pour présélectionner 48 cuvées élevées sous voile pendant des périodes plus ou moins prolongées. Parmi ces 48 vins, nous en avons retenu 39.
Cette dégustation tend d’abord à rappeler la grande diversité des terroirs et des cépages qui servent cette formidable famille de vins. Elle démontre aussi la passion et l’exigence des vignerons qui les élèvent. En témoigne l’excellent niveau des cuvées goûtées, nombre d’entre elles suscitant une émotion toute particulière parmi les dégustateurs.
Mais au-delà de la variété de leurs origines, ce qui ressort de cette photographie des vins de voile, ce sont leurs expressions, fruits de cultures singulières et précieux antidotes à l’uniformisation. Ainsi, les vins élevés sous un voile hermétique, tels les finos et manzanillas espagnols, séduisent par leur robe pâle et leur fraîcheur, leurs arômes d’olive verte, de pomme Granny Smith ou de fumé. Les cuvées des domaines jurassiens envoûtent, quant à elles, par leurs arômes de sotolon (curry, fenugrec, colombo…), leur très beau support acide, leur droiture et leur allonge ; leur homogénéité qualitative nous a particulièrement impressionnés. Enfin, d’autres, comme les vins de Gaillac, de Sicile ou de Tokaj (Hongrie), présentent des caractères duaux, marqués à la fois par le voile et par l’oxydatif.
Pour finir, cette dégustation a également mis en relief des vins uniques, tel le vin de voile 2007 du vigneron valaisan Christophe Abbet et ses étonnantes notes d’umami et de truffe blanche ou encore l’insolite moscato Bianchdùdùi de l’Azienda Agricola Bera Vittorio e Figli, qui nous emmène dans un monde à la fois floral,