L’héroïne était trop belle
Il était une fois une grande dame et une toute petite phrase. La grande dame, c’est Marie Marvingt (1875-1963). Comme la plupart des Français, vous ne la connaissez pas, ou si peu. C’est normal mais c’est dommage : à une époque où la liberté, les records et la gloire restaient une affaire d’hommes, cette extraordinaire touche-à-tout aurait été aviatrice, alpiniste, infirmière, soldate, résistante, conférencière, journaliste, championne de natation, de cyclisme, de ski et de bobsleigh. Mlle Marvingt aurait aussi reçu la croix de guerre et la Légion d’honneur, inventé le principe de l’aviation sanitaire et la jupe-culotte à une période où les femmes n’avaient pas le droit de porter un pantalon, encore moins celui de voter. Elle fut l’une des premières au monde à décrocher le permis de conduire (1899), le brevet de pilote de montgolfière et d’avion (1909). Et la première personne – tous genres confondus – à traverser la mer du Nord en ballon. Ah oui, elle a aussi passé son brevet de pilote d’hélicoptère… à 84 ans.
Quel destin ! Est-ce sa fin, malheureuse, dans un hospice pour indigents d’un hôpital psychiatrique de Laxou, près de Nancy (Meurthe-et-Moselle), qui explique qu’une telle personnalité ait ainsi disparu de nos mémoires ? Ou une vision par trop masculinisée de l’Histoire, comme le pensent ses admirateurs, qui se battent pour la sortir de l’oubli ? La réhabilitation est en marche. Comme en témoigne, donc, la toute petite phrase évoquée plus haut, prononcéele 11 novembre 2020. Ce jour-là, Emmanuel Macron a aussi convoqué le souvenir de Parmi eux, une seule femme : Une femme travestie en poilu dans les tranchées ? Mais oui, si l’on en croit la fabuleuse histoire de Marie Marvingt telle qu’elle nous est contée par ceux qui ont ressuscité la « fiancée du danger » et demandent aujourd’hui sa panthéonisation.
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