Appelons-les les Trois Mousquetaires, ou la Bande des quatre. François Mitterrand (né en 1916), François Dalle (en 1918), André Bettencourt (en 1919) et Pierre Guillain de Bénouville, le plus âgé, né en 1914. Ils furent résistants, un peu pour les François et Bettencourt, beaucoup pour Bénouville. Ils étaient liés par une indéfectible amitié de leurs jeunesses françaises à leurs adieux. L’ancien président est parti le premier en 1996, Bénouville en 2001, Dalle en 2005 et Bettencourt deux ans plus tard.
Ils étaient ambitieux, aimaient les femmes (en tout cas trois d’entre eux), le pouvoir, l’argent, les secrets, la belle vie et penchaient tous sérieusement à droite (en tout cas trois d’entre eux). Ils se sont juré fidélité et un devoir d’assistance mutuelle quels que soient les aléas de leurs vies. André Bettencourt épousera la femme la plus riche de France, héritière du groupe L’Oréal, François Dalle sera le patron emblématique de cette entreprise qu’il hissera au rang de multinationale. Ne revenons pas sur le destin de François Mitterrand. Reste Pierre de Bénouville ! Qu’on aurait tort de prendre pour le Petit Chose, pour un second couteau ou un homme sans qualités. Compagnon de la Libération, il est la clé de voûte de ce syndicat d’intérêts formés par ces hommes qui se sont apprivoisés au 104, rue de Vaugirard, un foyer catholique mariste qui logea de jeunes ambitieux pressés de conquérir Paris intellectuellement et politiquement proches de la Cagoule.
Dans (Albin Michel), Sébastien Le Fol tire de l’ombre ce général de brigade mort avec ses secrets, ses mensonges et ses dissimulations permanentes.
