Un stage mémorable
La réunion d’information devait se tenir à 9 heures dans le bureau de Camille.
La directrice des ressources humaines avait fait dresser une table pour un petit déjeuner convivial.
Café, thé, brioches et jus d’orange n’attendaient plus que les quatre invitées conviées personnellement par la DRH de l’établissement Leconte spécialisé dans le BTP. Camille leur avait déjà expliqué de vive voix ce qu’elle attendait d’elles.
Depuis plus d’un siècle, l’entreprise souffrait d’un machisme chronique. Les travaux publics avaient toujours été une affaire d’hommes. Mais, depuis quelques années, le terrain était occupé par des femmes, architectes et cheffes de projet, qui n’arrivaient pas toujours à trouver leur place ni à faire entendre leur voix auprès de leurs collègues masculins.
L’idée du stage sportif en haute montagne était apparue comme une évidence à Camille. La jeune femme de 35 ans, qui avait intégré l’entreprise l’hiver précédent, l’avait proposée à sa direction. Réticente dans un premier temps, celle-ci lui avait donné son accord au vu de ses arguments :
– L’expérience que je vous propose servira de test pour d’autres membres du personnel confrontés à un mal-être. Cela est souvent lié à des tensions, des malentendus lorsqu’une femme intervient sur des chantiers. J’ai eu un bon nombre de retours exprimant ce malaise chez notre personnel féminin. J’aimerais y remédier grâce à un stage sportif d’une semaine dans les Alpes mené par un coach…
Le reste de son intervention décrivait les compétences de Gilles, un ancien guide de haute montagne reconverti dans ce type de stage destiné aux entreprises.
L’exposé avait convaincu. La direction lui avait donné carte blanche pour mener à bien cette première expérience qui serait à même de modifier l’image de l’entreprise dans le secteur du bâtiment. Camille avait rencontré Gilles à Paris. En tant qu’ancien moniteur de ski dans une station alpine, ses atouts sportifs étaient indéniables.
