Beau, violent, désespéré
“Après C’Est Gobelet!”
Mega/Believe
—un lieu qui reviendra souvent dans ces lignes —, deux types attendaient leurs pintes et discutaient pendant une prestation sans éclat de Baxter Dury. Les deux compères, manifestement musiciens, échangeaient des tuyaux en matière de scènes jeunes talents, tremplins, dossiers de subvention du conseil régional, etc. La — qui colle parfaitement au propos: boîte à rythmes marteau-piqueur, synthés alarme d’incendie, guitares façon Echo & The Bunnymen. La grande force de Gwendoline: un indéniable sens du slogan. Ces suscitent l’adhésion immédiate chez un peu tout le monde, les enfants, les bourrés, les émotifs, les révoltés découragés, les romantiques qui ont de l’autodérision. Le réalisme des paroles offre des cris de ralliement fascinants, “Voldebière”, “Audi RTT” et surtout l’énumération géniale de “Chevalier Ricard”, ponctuée par ces qui font du bien. Les autres plages, encore plus sombres, font l’effet de certaines poésies de Michel Houellebecq, version bière premier prix. “Ames Sœurs”, “Du Lundi Au Vendredi” ou “La Fin Du Monde” sont si pessimistes, qu’elles en deviennent consolantes et marrantes. Ces neuf titres datent de 2017, ils étaient alors sortis très confidentiellement. La bonne fortune, la qualité des morceaux et l’enthousiasme des Trans Musicales de Rennes permet à ces noncarriéristes de ressortir l’album pour de bon et dans une certaine excitation. Y aura-t-il une suite, un deuxième volume qui racontera les paradisiaques dernières années? Peut-être. Profitons en attendant des concerts à venir et de ce disque qui a la qualité rare d’être vivant.