Les Champs-Élysées ont guidé Joe Dassin sur la route du succès
verso de la pochette du 45 tours, Joe, 30 ans, pose cigare au bec, Ray-Ban sur le nez. Décontracté, comme l’Américain à Paris qu’il interprète dans « Je m’baladais sur l’avenue le cœur ouvert à l’inconnu / J’avais envie de dire bonjour à n’importe qui / N’importe qui et ce fut toi, je t’ai dit n’importe quoi / Il suffisait de te parler, pour t’apprivoiser… » Quelques semaines avant la sortie de cette rengaine entraînante qui connaîtra un formidable succès, Joe a été victime d’un premier infarctus. Le 1 avril 1969 précisément. Et ce n’était pas une blague, plutôt un signal d’alarme ou un rappel à l’ordre : le fils du réalisateur Jules Dassin enregistre les 45 tours à la chaîne donne beaucoup de concerts, il tire déjà trop sur la corde. À la même époque, il se fâche avec ses paroliers attitrés, Jean-Michel Rivat et Frank Thomas. C’est l’immense Pierre Delanoë qui va prendre le relais. Leur collaboration débute avec un jackpot, adaptation d’une chanson anglaise qui a fait un flop un an plus tôt. Signée Mike Deighan, et Mike Wilsh, la version originale s’intitule et emprunte les accords du de Pachelbel, omniprésent alors sur les radios européennes (le groupe Aphrodite’s Child de Demis Roussos s’en est d’ailleurs inspiré pour sorti également en 1968). fait référence à l’avenue du même nom à Londres, qui évoque la cuisante défaite de l’armée napoléonienne en juin 1815. La clarinette donne un air dixie très « swing » au morceau qui n’en reste pas moins une chanson de pub typique, à entonner au comptoir, bière à la main. On est assez loin du chic des Champs… Le single est le chant du cygne de l’obscur groupe Jason Crest qui perdra dans la foulée son contrat avec la maison de disques Philips. Quand Jacques Plait, le directeur artistique de Joe Dassin chez CBS l’entend, il tombe sous le charme et confie à Pierre Delanoë le soin de l’adapter en français pour Dassin. Le parolier lui demande où se trouve cette Waterloo Road. Quand il comprend que c’est un équivalent londonien des Champs-Élysées, il n’hésite pas une seconde.
