CHEVEUX LONGS IDÉES COURTES ?
COUNTRY JOE MCDONALD EN BATTLE DRESS kaki, bandana bleu et blanc, moustache de guerillero, boucle d’oreille, guitare sèche au poing, faisant épeler, puis hurler “F-U-C-K” à un demi-million de flower children, résume les combats libertaires des années 60 en lançant “I-Feel-Like-I’m-Fixin’-to-Die Rag”, la plus brûlante des diatribes anti-guerre du Viet-Nam. Ce choc, comme celui créé par Jimi Hendrix électrocutant l’hymne américain dans le petit matin post-coïtal de la plus spectaculaire des concentrations de tribus hippies, éprouvé par des dizaines de millions de disciples sur la planète via le film oscarisé de Michael Wadleigh au printemps 1970, frappe d’autant plus la jeunesse française que le rock est alors underground, rarement filmé, peu diffusé à la télévision, et que les groupes se contentent le plus souvent de se produire dans les salles parisiennes, Olympia, Palais des Sports, Ten Club, Locomotive. Woodstock, le film, est donc l’occasion de découvrir non seulement les performances, superbement capturées et montées, mais des artistes, qu’elle n’a jamais eu l’occasion de voir, dans un contexte tellement doublement événementiel (la magnitude du festival lui-même, l’existence et le succès du film) qu’il les rend inoubliables.
Ces images iconiques sont gravées depuis dans l’imaginaire de ce qu’on appellera ici non pas la Woodstock Generation, mais les soixante-huitards. Elles le restent aujourd’hui : Richie Havens en djellabah orange transformant une complainte country blues (“Motherless Children”) en hymne frénétique à la liberté absolue (“Freedom”) qui soulève la foule ; Joan Baez, cheveux courts et enceinte dans la nuit, donnant des nouvelles de son mari emprisonné pour insoumission
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