Boire le vin jeune Le fruit, la vie, l'émotion
Il suffit d’une lettre pour changer la vie en vin. Une vie liquide sur laquelle on se plaît à projeter une forme d’anthropomorphisme. La jeunesse serait turbulente et vivifiante, voire un brin irritante ; la vieillesse, une sagesse éphémère, dont il faut capter les derniers éclats. Les derniers soubresauts de l'existence, les derniers arômes avant l’inexorable décomposition, préfigurant la mort. Le vin touche l’âme humaine par sa similarité avec la courbe de notre vie.
Doit-on rejeter la jeunesse d’un vin sous prétexte que les grandes cuvées ne se magnifient qu’avec les années ? Doit-on compter le plaisir œnophile uniquement en décennies ? Et l'opposer en permanence à cette société contemporaine, construite sur l’immédiateté des réseaux sociaux, qui n’invite ni à la patience, ni à l’oubli ?
Répondre “oui” à ces questions revient à écarter un peu vite que le vin possède plusieurs vies, renvoie à plusieurs représentations. Et réduire le plaisir contemporain du vin au beaujolais nouveau,, le vin des travailleurs, servi par Caton à ses esclaves. Et dans le même temps on buvait, dans les banquets de l’aristocratie romaine, comme celui qu'organise Trimalcion dans le , des “grands crus”, mulsum et falernes soigneusement vieillis. De tout temps, le vin sacré ou le vin de l’élite côtoie le vin ordinaire, cette boisson quotidienne, alimentaire.
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