Les présidents et le vin Une cohabitation très colorée
Le président de la République a quitté le palais de l’Élysée assez tôt, ce matin-là, pour rejoindre la base militaire de Satory, dans la partie sud-ouest de Versailles. Malgré l’heure matinale, son secrétariat a demandé à ce qu’une dégustation de champagne soit offerte aux troupes qui seront passées en revue par le premier personnage de l’État. Il a même été précisé qu’elle devait être « abondante » et servie avant l’obligatoire parade des militaires, qui s’annonce donc guillerette ! Parle-t-on d’Emmanuel Macron recevant en grande pompe les régiments d’élite de l’opération Barkhane (Mali) fraîchement rapatriés ? Pas exactement : la scène se passe voici un peu plus de 170 ans, en septembre 1850. Le locataire de l’Élysée, premier du genre, s’appelle Louis-Napoléon Bonaparte, il a été élu un an et demi plus tôt avec un score de satrape (74 % des voix), et cherche maintenant à raffermir son pouvoir auprès de l’armée, au sein de laquelle il est loin d’être aussi populaire que son oncle, l’empereur Napoléon Ier .
Pour séduire les militaires, Louis-Napoléon Bonaparte fait pleuvoir les bulles sur la troupe !
La solution trouvée ? Des auprès de tous les régiments, comme grincent les gazettes de l’époque, cette redoutable presse satirique encore libre de la jeune Deuxième République : , se gausse (26 septembre 1850). Le manège dure des semaines : des hectolitres de vins effervescents puisés dans les caves de Reims ou d’Épernay sont déversés sur des soldats et officiers, dont nombre d’anciens de la rude campagne d’Algérie, qui ne boudent pas leur plaisir. Les caricatures du prince-président se gobergeant au champagne avec l’armée se succèdentdébarquent en délégation à Paris pour offrir solennellement une épée gravée à leur bienfaiteur, le président de la République française !
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