LA DERNIÈRE SÉANCE DE REDOINE FAÏD
DE LA FENÊTRE DE SA CELLULE, Redoine Faïd contemple un ciel sans nuages à travers les barreaux. C’est un matin paisible de juillet au centre pénitentiaire de Réau, en banlieue sud-est de Paris. Ce calme ne va pas durer, car Faïd sait ce qui l’attend : il voit déjà les heures à venir se dérouler, séquence après séquence, comme dans un film. Un film dont il a écrit le scénario dans sa tête depuis des mois. Cela fait cinq ans que Redoine Faïd est enfermé ici, placé en quartier d’isolement. Une zone ultra-surveillée, dans une prison déjà extrêmement sécurisée. À 46 ans, Faïd est à la fois célèbre et dangereux, puisqu’après s’être fait connaître pour ses braquages dans les années 1990, il a acquis un statut légendaire en 2013 en s’échappant à coups d’explosifs de la prison de Sequedin, près de Lille. Il y purgeait une peine à la suite d’un braquage raté. Cette spectaculaire évasion avait humilié les autorités françaises, et six semaines plus tard, Faïd était capturé et emprisonné à nouveau, mais cette fois-ci dans des conditions beaucoup plus sévères qu’auparavant, en confinement à Réau. Cinq ans après, Faïd croupit toujours dans sa cellule, et en ce dimanche matin, deux gardiens viennent le chercher pour l’informer que son frère l’attend au parloir. Le binôme est habitué à surveiller le prisonnier et sait que le secteur est verrouillé dès qu’il sort de son confinement. « On dirait une star : au moindre pas qu’il fait, tous les yeux sont fixés sur lui », témoigne l’un des deux surveillants.
Cette notoriété ne dérange pas Redoine Faïd, bien au contraire. Ce fils d’immigrés algériens a en effet toujours rêvé de faire de sa vie un film. Délinquant juvénile issu d’une cité de Creil, dans l’Oise, il a évolué vers le grand banditisme autour de sa majorité. Craint des forces de l’ordre et admiré de ses pairs, il a développé un flair unique dans son métier. Mais au-delà de ses talents de malfaiteur, il s’est donc fait remarquer pour le caractère cinématographique des opérations qu’il mène. Il s’est inspiré de scènes vues chez Tarantino, Bigelow et surtout chez son « modèle », Michael Mann. Ses exploits de cambrioleur,
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits