Erudit rock
Décédé le 21 août 2021 à Nashville, DON EVERLY a formé avec son frère cadet Phil un des duos les plus célèbres du rock, dont les harmonies vocales ont influencé toute une génération de musiciens.
Don, né le 1 février 1937 à Brownie, dans le comté minier de Muhlenberg, Kentucky, et Phil, né le 19 janvier 1939 à Chicago, ont grandi auprès de parents musiciens. Descendant de plusieurs générations de mineurs, après son travail à la mine, leur père Ike Everly joue les week-ends avec ses deux frères dans des clubs et des fêtes de famille. Guitariste de hillbilly, il possède un style particulier de fingerpicking appris d’Arnold Shultz qui joua avec Charlie Monroe et influença Bill Monroe. Ike développe si bien cette technique qu’il l’enseigne à son tour à Merle Travis, un voisin lui aussi mineur et musicien. A la naissance de Don, Ike est musicien à temps plein. Ainsi, en 1939, ayant emménagé à Chicago, il rejoint une formation country, les North mars 1957 avec Chet Atkins à la lead guitare produit, en avril, “Bye Bye Love”/“I Wonder If I Care As Much”, une chanson de Don. Refusée jusquelà par de très nombreux artistes, “Bye Bye Love” est une composition du couple Felice et Boudleaux Bryant sous contrat avec Acuff-Rose. Au total, les Bryant écriront six mille chansons dont mille cinq cents ont été enregistrées. Mélange de rock’n’roll et de country porté par les voix jumelées de Don et Phil et leurs guitares rythmiques, “Bye Bye Love” est d’emblée un énorme hit, atteignant la deuxième place des charts US. En septembre, “Wake Up Little Susie” est une réussite encore plus éclatante, accédant à la première place aux USA et à la deuxième en Grande-Bretagne, malgré le rejet de plusieurs stations de radio estimant les paroles trop suggestives. Simon & Garfunkel ont repris cette chanson sur “The Concert In Central Park” (1982). S’ensuivra une série de hits tout aussi iconiques qui feront des Everly Brothers les concurrents d’Elvis Presley entre 1957 et 1960 : “This Little Girl Of Mine”, une reprise d’un titre de Ray Charles dont la face B, “Should We Tell Him” entre aussi dans les charts; “All I Have Is To Dream” n°1 partout avec “Claudette” de Roy Orbison; “Bird Dog” n°2 et “Devoted To You” n°10; “Problems” n°2; “Take A Message To Mary”; “(Till) I Kissed You” n°4, écrit par Don; “Let It Be Me”, une adaptation de “Je T’Appartiens”, un succès de Gilbert Bécaud, n°7. En parallèle aux singles, sont parus deux albums sur Cadence, “The Everly Brothers” (1958) et “Songs Our Daddy Taught Us” (1958). En 1960, pour des questions, entre autres, de royalties, les frangins ne resignent pas avec Cadence. Warner leur offre alors un contrat faramineux pour l’époque de cent mille dollars par an sur dix ans. De 1960 à 1962, les hits vont de nouveau se succéder : “Cathy’s Clown” signé Don, n°1; “When Will I Be Loved” signé Phil, n°8; “So Sad (To Watch Good Love Go Bad)” de Don, n°7 et “Lucille” de Little Richard, n°21, mais tous deux n°4 au Royaume-Uni; “Walk Right Back” et “Ebony Eyes”, n°7 et 8, mais n°1 au Royaume-Uni; “Temptation” n° 27 et n°1. L’opposition de Wesley Rose à la parution de ce titre provoque la rupture avec les Everly et une interdiction d’utiliser le catalogue de chansons d’Acuff-Rose, notamment celles de Felice et Boudleaux Bryant. “Crying In The Rain” de Carole King, n°6; “That’s Old Fashioned” n°9 en 1962, le dernier Top 10 de leur carrière. Les deux premiers albums pour Warner, “It’s Everly Time” (1960) et “A Date With The Everly Brothers” (1960), se vendent également très bien. Bien que plus inégaux, on compte de belles réussites au moins artistiques parmi les disques suivants, “The Everly Brothers Sing Great Country Hits” (1963), “Rock’N’Soul” (1965) et “Beat & Soul” (1965), “Two Yanks In England” (1966) avec une majorité de chansons composées par les Hollies de Graham Nash avec Jimmy Page et John Paul Jones parmi les musiciens, le country rock de “Roots” (1968) et de “Stories We Could Tell” (1972). A partir de 1964, la British Invasion menée par les Beatles va reléguer au second plan un grand nombre d’artistes américains dont les Everly. D’autre part, l’abus d’amphétamines et autres substances, notamment de la part de Don, provoque des annulations de concerts et accroît les tensions entre les frères jusqu’au 14 juillet 1973, lorsque Phil quitte la scène en fracassant sa guitare, déclarant ne plus jamais vouloir jouer avec Don. Chacun se concentre dorénavant sur sa carrière solo. En réalité, n’avait pas attendu la séparation pour sortir un album, “Don Everly” en 1971. Produit par Lou Adler avec les participations de Ry Cooder, Jim Keltner, Spooner Oldham, Scott McKenzie, “Don Everly” propose un country rock introspectif, l’essentiel des morceaux étant écrits par Don. Dans la même veine country rock, ses deux autres disques, “Sunset Towers” (1974) produit par Tony Colton du groupe anglais Heads Hands & Feet avec des chœurs gospel, et “Brother Juke-Box” (1976), de nouveau produit par Wesley Rose, sont également intéressants. a réalisé cinq albums entre 1973 et 1983, “Star Spangled Springer” (1973) produit par Duane Eddy avec Warren Zevon aux claviers, “Phil’s Diner” (1974), “Mystic Line” (1975), “Living Alone” (1979) et “Phil Everly” (1983) avec Mark Knopfler et un duo avec Cliff Richard, “She Means Nothing To Me”, qui sera un succès en Grande-Bretagne. Mais, dix ans plus tard, le 23 septembre 1983 sur la scène du Royal Albert Hall de Londres, Phil et Don sont à nouveau réunis pour le meilleur, comme en témoigne le double album “Reunion Concert” (1983). “EB 84” (1984) est produit par Dave Edmunds, incluant “On The Wings Of A Nightingale” écrit spécialement par Paul McCartney. “Born Yesterday” (1985) et “Some Hearts” (1988) sont les deux derniers albums des Everly Brothers. Phil est mort le 3 janvier 2014 à Burbank, Californie, et Don le 21 août 2021 à Nashville, Tennessee.
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