Turquie CES FEMMES QU’ERDOĞAN NE FERA PAS TAIRE
“TU AS VOLÉ LE PAYS / Tu l’as mis de côté / (…) / Creuse ta tombe très profondément / Ton corps ne vaut pas une paille / Enterrons donc le corps dans l’espace… » Sur sa terrasse avec vue sur le Bosphore, Gaye Su Akyol traduit les paroles de sa chanson Narguilé. Elles lui ont valu d’être convoquée par la police. Star en son pays, elle revisite avec son rock psychédélique des mélodies turques traditionnelles, dépasse les frontières. D’une voix capiteuse au parfum d’Orient, elle chante la poésie et la rébellion, campée bien droite dans ses cuissardes en vinyle rose malabar ou vert pomme, devant un public de modeuses en short, de filles en hijab, de pères, de frères. Gaye met presque tout le monde d’accord. « Les flics avaient reçu des plaintes. C’est comme ça qu’ils travaillent : ils scrutent les réseaux sociaux et vous tombent dessus: insulte au président.» En Turquie, ce délit est passible de prison. Parfois la Björk turque imagine les pires scénarios. Depuis le coup d’État manqué en 2016, plus de quatre-vingt mille personnes ont été arrêtées, plus de cent médias interdits, des centaines de professeurs limogés, et des milliers d’associations de défense des droits humains fermées.
“CE MONDE SANS FANTAISIE, C’EST CHIANT À MOURIR”
“La famille, c’est là où l’on dit aux femmes comment elles doivent et ne doivent pas se comporter. Cette famille-là, on n’en veut pas.”Rümeysa Çamdereli, chanteuse
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