Disques pop rock
Nick Cave & Warren Ellis
“Carnage”
GOLIATH/ STAGE OF HEART
Ces deux-là n’ont eu cesse de se renouveler, et il y a fort à parier que l’on étudiera leurs ballades lugubres tout au long du siècle, voire au-delà. C’est la première fois que Nick Cave et Warren Ellis enregistrent en duo, eux qui travaillent ensemble depuis la fin du vingtième siècle sur les albums des Bad Seeds et Grinderman, mais aussi sur des bandes originales de films souvent (très) bons. Warren Ellis, le violoniste barbu de Dirty Three, se lance toujours dans des improvisations à l’aide d’instruments de tous horizons. Alter ego du chanteur australien, essence gothique de la Victoria, avec son piano rigoureux et ses textes cathartiques. Enregistré en quelques semaines pendant le confinement, “Carnage” s’apparente à une tuerie, mais les deux hommes y jouent des contrastes et paradoxes, s’arrangeant pour éclairer la route d’une lumière blafarde. Cette époque de catastrophe collective et de drames personnels stimule leur imaginaire. Après le double “Ghosteen”, on ne les imaginait pas pousser plus loin le bouchon. Libre dans sa singulière splendeur, “Carnage” poursuit les mêmes obsessions bibliques, en dehors de tout système de pensée organisé. La pulsation cardiaque de “Hand Of God” situe immédiatement le climat. Derrière, s’étirant à la façon de Suicide, “Old Time” colle une paresseuse pression, tandis que “White Elephant”, avec la frappe menaçante de Thomas Wydler des Bad Seeds et ses choeurs gospel poignants, en impose puissamment. Cave et Ellis tutoient la musique de cathédrale, mais certains de leurs démons aussi, pour un résultat qui voit grand: universalisme musical dont eux seuls sont capables aujourd’hui.
VINCENT HANON
The Chills
“Scatterbrain”
FIRE
On pourrait faire semblant de connaître sur le bout des doigts l’histoire et l’oeuvre de ce groupe néo-zélandais. Aujourd’hui, il suffit de quelques clics pour cela. Certains ne s’en privent pas. Mais soyons francs: on est complètement passé à côté. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Parce que non seulement
