La Revue du Vin de France

Quand bordeaux explore une voie nouvelle

À force de cantonner Bordeaux dans la catégorie des vins de garde, boisés et tanniques dans leur jeune âge, on en oublie presque que la région produit aussi d’excellents vins de soif. Des flacons sur le fruit et parfois sans une once de bois. Il est vrai que la région a mis du temps à reprendre le train de ces vins gouleyants, terrain de jeu dominé par les crus du Languedoc et du Beaujolais, appréciés dès leur jeunesse. Mais tout arrive : une nouvelle génération de vignerons girondins, moins influencés par ce “goût de bois” qui a longtemps traîné aux basques des Bordelais, élabore aujourd’hui des vins issus notamment de merlots sur le fruit, mûrs et digestes. Et la magie opère.

Pour aller à la rencontre de ces bordeaux plaisir, nous avons dégusté près de 200 échantillons venus de propriétés situées principalement dans l’Entre-deux-Mers et sur la rive droite de la Dorgogne. Ici, des vignerons ont changé d’approche : ils ont appris à vinifier les vins que le marché attend. En ce pays du merlot roi, servis par les consorts cabernet-sauvignon et cabernet franc (leur part augmente dans les assemblages), les rouges se font plus fruités et s’affranchissent d’un élevage en bois qui dépassait souvent les bornes. Le malbec fait une poussée remarquable. Arinarnoa, castes, marselan et touriga nacional complètent la palette au point de proposer une alternative au goût du bordeaux classique. Du côté des blancs, le triptyque sauvignon, sémillon et muscadelle est enrichi, ici et là, par de nouveaux cépages, alvarinho et liliorila. La maîtrise des vinifications permet de diminuer, voire d’éradiquer les doses de soufre. Et les extractions plus légères laissent sa chance au fruit dont on profite aussi largement dans des clairets, spécificité bordelaise mi-rouge, mi-rosée.

DU TERROIR À PETITS PRIX

Brettanomyces, goût de souris, oxydation : si, au détour d’une dégustation, un ou deux vins semblent contaminés, l’ensemble se pose plutôt sur la pureté, y compris après des élevages en jarres de terre cuite ou des grès. Eh oui ! Le “petit” bordeaux d’aujourd’hui et de demain n’a rien à voir ni à envier à celui d’hier. Si quelques vins restent encore coincés par des boisés communs et malgré des millésimes chauds et parfois traumatisants (2017 avec le gel, 2018

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