Seuls contre l’Aigle
Le 18 juin 1940, le Premier ministre Winston Churchill se trouvait dans une situation catastrophique. Les troupes Britanniques avaient été évacuées à Dunkerque. La Wehrmacht était sur la Loire, le maréchal Pétain demandait l’armistice. Churchill annonça ce jour-là dans un fameux discours à la Chambre des communes le combat à venir: “Ce que le général Weygand [alors commandant en chef de l ’armée f rança i se, NDLR] a appelé la bataille de France est terminé. Je m’attends à ce que la bataille d’Angleterre commence bientôt. De cette bataille dépend la survie de la civilisation chrétienne.” Dès le 4 juin, il avait martelé que jamais la Grande-Bretagne n’abandonnerait la guerre. Il devait néanmoins compter sur une Royal Air Force qui sortait éreintée de la campagne de France. Cependant, pas question de plier ou de négocier. Le Fighter Command avait désormais pour mission de défendre le ciel de la Grande-Bretagne, le Bomber Command celle de frapper le IIIe Reich pour empêcher un débarquement (lire dans le prochain numéro).
Le crépuscule du “Stuka”
La bataille d’Angleterre s’engagea progressivement à partir de la fin juin, avec comme premier enjeu le contrôle de la Manche (voir encadré “chronologie de la bataille” page 19). Cette période fut surtout marquée par le crépuscule du “Stuka”. Le bombardier en piqué avait fait merveille lors de la campagne de France (lire Le Fana de l’Aviation n° 607). Ses points faibles se révélèrent désormais pleinement. Edward Donaldson, wing commander du Squadron 151 sur “Hurricane”, souligne: “Nous avons découvert que les “Stuka” étaient faciles à éliminer du ciel. Nous les attaquions par l’arrière et les pauvres salopards tombaient. Je pense en avoir descendu huit . J’essayais de les avoir avant qu’ils n’entament leur bombardement en piqué. Leurs équipages faisaient preuve d’une grande bravoure. Un escadron de “Hurricane” à leurs trousses ne les empêchait pas de poursuivre vers leur objectif (1).”
Le flying officer Alan Geoffrey Page, du Sqn 56 doté de “Hurricane”, ajoute: “Lors d’une mission je me rappelle avoir attaqué une importante formation de “Stuka”. C’était vraiment amusant parce qu’ils piquaient en file indienne pour attaquer les navires et nous exécutions simultanément la même manoeuvre pour les prendre en chasse. On aurait dit les deux moitiés d’un jeu de cartes que l’on mélange. Un Allemand, un “Hurricane”, un Allemand, un “Hurricane” et je pense que nous en avons descendu environ six. Il ne faut pas oublier qu’après leur ressource au ras des flots, les “Stuka” devaient rentrer en France, à 3 m audessus des vagues. Avec nos “Hurricane”, en réduisant les gaz, nous pouvions rester en position derrière lui, et le pauvre mitrailleur devait défendre son avion avec un pistolet à bouchon contre nos huit mitrailleuses. Ils constituaient une cible très facile et je ne suis pas fier de dire qu’on les descendait comme dans un jeu de quilles”.
Le flight lieutenant Charles MacLean, du Squadron 602 équipé de “Spitfire” précise: “Les gens disaient que les “Stuka” étaient faciles à descendre mais en fait, un bon nombre d’entre nous ont été touchés par ces types. Leurs mitrailleurs étaient très bons tireurs. Peter Ferguson [son ailier] s’est fait abattre par l’un d’entre eux et on m’a rapporté l’étendue de son vocabulaire La chasse au “Stuka” n’était toutefois pas sans danger selon Richard Leoline Jones, pilot officer sur “Spitfire” au sein des Squadrons 64 et 19:
