L’attaque de Pearl Harbor Les secrets de la préparation des pilotes
L’attaque surprise du 7 décembre 1941 contre Pearl Harbor est inscrite sur la liste des batailles célèbres ayant influé sur le cours de l’histoire. De très nombreux ouvrages et articles lui ont été consacrés, et elle a inspiré deux films qui, dans une immense majorité, s’en tiennent à deux idées maîtresses: en termes de savoir faire, l’Aéronavale japonaise était la meilleure au monde en décembre 1941; Pearl Harbor fut un coup terrible pour les Américains, presque une catastrophe militaire dont ils mirent six mois à se remettre, période durant laquelle les armées nippones purent s’emparer sans trop de difficulté de toutes les possessions occidentales d’Asie du Sud-Est.
Si la réalité diffère quelque peu de ces idées reçues, il n’en demeure pas moins vrai qu’à la fin de l’année 1941, la Marine impériale était la seule au monde à posséder un puissant outil aéronaval spécifiquement conçu pour l’offensive: le Kidô-Bûtaï (force mobile) constitué des porte-avions de la 1re flotte aérienne (Daï-Ichi Kôkû Kantaï).
Neuf bombes au but sur neuf piqués…
Pour performante que fût l’Aéronavale impériale à la veille du conflit avec les puissances occidentales, un tiers de ses équipages ne possédait aucune expérience du combat. Malgré cela, et ce même au sein des groupes aériens les plus récents, les jeunes aviateurs étaient encadrés par des “anciens” formés dans le ciel de Chine de 1937 à 1941. Car, comme la guerre d’Espagne pour la Luftwaffe avec la légion Condor, le conflit sinojaponais constitua pour la Marine impériale un galop d’essai à l’issue duquel elle disposait de quelque 3500 pilotes dont environ 1 000 étaient qualifiés sur porte-avions. 600 d’entre eux constituaient l’effectif de la 1re flotte aérienne. Ces hommes totalisaient entre 800 et 1000 heures de vol chacun. Les plus jeunes en avaient 500 à leur actif. L’encadrement était particulièrement expérimenté. Les chefs de groupes (Hikôtaïchô) totalisaient 2000 heures de vol. Exceptionnellement, les plus jeunes étaient admis à ce poste après 1 500 heures.
Pour les équipages de bombardiers en piqué, un tel degré de professionnalisme se traduisait par un pourcentage moyen de coups au but, sur cibles mouvantes, de 88 %. À l’entraînement, lors d’exercices d’attaque par Chûtaï de neuf avions, des scores de neuf bombes au but sur neuf piqués n’étaient pas rares…
Au sujet de sa formation, au cours de l’année qui précéda l’entrée en guerre, Haruo Yoshino, qui prit part à l’attaque du 7 décembre
1941 à bord du Nakajima B5N2 “Kate” codé “AII-305”, un torpilleur du porte-avions Kaga, écrivit dans ses mémoires: “À l’issue du tronc commun d’instruction élémentaire, les élèves étaient triés en fonction des résultats des tests intellectuels et physiques. Au départ, naturellement, tout le monde voulait devenir pilote mais la nature est ainsi faite que tous les hommes ne sont pas égaux physi- quement et intellectuellement. Pour ce qui me concerne, les instructeurs conclurent que je présentais les qualités requises pour suivre la formation d’observateur et je me retrouvai affecté au Kôkûtaï de Suzuka pour le stage Teïsatsu Renshûseï (formation à la reconnaissance) de 10 mois. Là, à l’exception du pilotage, j’appris tout ce qu’il était possible de faire en vol: la navigation, le tir à la mitrailleuse orientable, le bombardement, l’attaque à la torpille, l’usage des fusées éclairantes pour attaque nocturne, l’usage des signaux lumineux, les transmissions radio, la photographie aérienne et l’identification des navires par leur profil. Au départ, j’avais ressenti une certaine frustration de ne pas apprendre
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