Le fana de l'aviation

Une carrière hors norme

Après de 90 ans, la machine a des ratés, les gyros ne tournent plus toujours très rond, le réacteur pousse moins qu’avant et le train d’atterrissage a parfois du mal à sortir et à rentrer. La pression hydraulique n’est pas toujours au rendez-vous… À part ça tout va bien… Mais une chose turlupine Henri Hay:

“Pourquoi venir me voir, pourquoi me faire raconter mon histoire? Pourquoi moi qui n’ai jamais rien fait d’exceptionnel?…”

C’est vrai. Cet homme surnommé “la Fouine” en escadron parce qu’il aimait bien connaître les moindres détails de son avion, n’a jamais rien fait d’exceptionnel. Il a simplement accumulé 501 missions de guerre en Algérie sur T-6 et 7 753 heures de vol dans l’armée de l’Air, dont 4 000 sur F-100! Un record en France sans doute. Rien d’exceptionnel on vous dit… Alors voici l’histoire d’un homme ordinaire, un chasseur chanceux, un gamin de Saint-Aubin-de-Baubigné, patrie d’Henri de Larochejaquelein. Il tient à le préciser. Henri Hay aurait pu être instituteur, il choisit finalement de faire carrière dans l’armée de l’Air. Voici comment tout arriva…

Le début de l’aventure

“Je suis né en 1933. Gamin, j’ai vu les “Spit” et les “Mustang” mitrailler la voie ferrée pendant la Deuxième Guerre mondiale, ça a été une révélation! Mon village était sur la ligne allant de Cholet à Nantes. Il n’y avait pas d’avions dans notre coin et cette vision de chasseurs en train de mitrailler les trains m’avait profondément marqué… C’est le souvenir que je garde de la guerre: dans notre région nous étions assez tranquilles, les paysans étaient nombreux, nous mangions à notre faim. On avait des soldats allemands dans le bourg, mais nous n’avons jamais eu à souffrir de représailles. À 15 ans, je passe donc mon brevet élémentaire à l’école mais je ne peux pas aller au-delà: mes parents n’ont pas d’argent pour me permettre de poursuivre des études secondaires. Comme je ne suis pas trop bête, les frères de Saint Gabriel [congrégation laïque masculine de droit pontifical, NDLR] me proposent un poste d’instituteur pour enseigner aux petits et gagner un peu de sous. Mais moi, tout ce qui m’intéresse à l’époque, c’est de devenir pilote. Donc je travaille comme instituteur et en même temps je prépare le concours de l’armée de l’Air. À 18 ans, mes parents me donnent l’autorisation de passer ce fameux concours et je suis reçu… C’est le début de l’aventure!”

Tout commence donc par la visite médicale à Bordeaux. La première visite est bonne, la deuxième révèle un peu de tension et Henri Hay est déclaré inapte pour six mois. Il part faire ses classes à Clermont-Ferrand et revient à Bordeaux pour une troisième visite médicale. “Le problème de tension a disparu, je suis déclaré apte au vol et je peux partir à Carcassonne débuter mon apprentissage sur Stampe.” Pour la première fois de sa vie, Henri Hay approche un avion, en touche le fuselage et monte à bord. Et il est là pour apprendre à le piloter. N’est ce pas merveilleux?

J’ai eu la trouille le jour où j’ai ramené mon ailier en patrouille serrée sur moi

“Je n’ai jamais eu peur en avion, j’étais surpris par ce que je pouvais voir ou ressentir, mais sans plus. Je voulais tellement voler, tout me semblait finalement normal… Et puis j’avais une confiance totale dans mon instructeur”. Le 11 juillet 1952, il est lâché après une quinzaine d’heures de vol. “Alors là j’avoue… le premier vol solo, ça reste toujours impressionnant. Mais le jour où mon moniteur m’a dit d’y aller seul, je lui ai fait confiance une fois de plus, je me suis dit qu’il devait savoir ce qu’il faisait…”

Viennent ensuite des tests d’anglais. Notre jeune pilote ne s’en sort pas trop mal. “Mon anglais n’était pas catastrophique, alors on me dit: “Vous partez aux États-Unis”… Il y avait aussi à l’époque le Canada et Marrakech, au Maroc. Va pour les États-Unis! J’avais 24 heures de “Stampe” sous la ceinture à l’époque”.

Henri Hay n’avait jamais vu Bordeaux avant de signer son contrat avec l’armée de l’Air. Il n’a jamais vu non plus Paris avant de partir pour les États-Unis. C’est une promotion entière de jeunes élèves pilotes qui s’envole ensemble par-dessus l’Atlantique dans un “Super Constellation”. À l’arrivée, on leur octroie quelques heures de liberté dans New York, sous la conduite de l’attaché de l’Air français aux États-Unis. Puis on les sépare en petits groupes de six ou huit avant de les expédier sur différentes bases.

“Je prends le train avec mes copains et, quelques jours plus tard,

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