Moto Revue

Un doublé pour Jean-Bernard

Le 25 août 1980, Jean-Bernard Peyré, âgé de 27 ans, se tue accidentellement sur la route alors qu’avec l’équipe Suzuki, dont il est à la fois l’un des pilotes et le patron, il préparait la dernière course du championnat du monde d’endurance. Ce drame sera la source d’une des histoires les plus bouleversantes de cette discipline pourtant riche en aventures humaines et collectives. Suivant la volonté de ses parents, l’équipe de Jean-Bernard va en effet engager deux motos pour rendre hommage au disparu, et signera à l’arrivée du Bol d’Or un doublé inattendu, émouvant, historique et, à vrai dire, quasi surnaturel. C’est le récit de cette épopée racontée par quatre de ses acteurs que nous vous invitons à suivre dans ces pages. Dominique Méliand, ami personnel de Jean-Bernard, mécanicien et déjà stratège de talent qui sera ensuite le patron de l’équipe, est accompagné ici de Jean-Marc Bonnay dit « Snoopy », qui était à l’époque mécanicien, et le seul employé à plein temps de cette petite écurie, de Michel Picard, ami proche de Peyré et de Méliand, chronométreur et photographe de l’équipe, et enfin de Pierre-Étienne Samin, qui allait gagner ce Bol d’Or avec Franck Gross, lequel remplaçait donc Peyré dans des circonstances très difficiles.

1. La belle équipe

Snoopy : « Jean-Bernard avait créé une association Loi 1901 au sein de laquelle j’étais le seul salarié. Ça s’appelait Promoto. Il avait obtenu les Suzuki d’usine. Dominique Méliand était toujours employé au Gaz de France, et ne venait à l’atelier que lorsqu’il avait fini son boulot. Nous avions commencé à former une vraie bonne petite équipe. Avec Dominique et moi, il y avait aussi Bernard Martignac (futur troisième membre fondateur de l’écurie Tech3, ndlr), qui avait été le mécanicien de Franck Gross, avec les 500 Suzuki sponsorisées par Café Grand-Mère… Jusque-là, il n’y avait eu qu’une seule moto alignée en course, celle de Jean-Bernard, qui avait commencé la saison avec Fabien Gibol ; ils avaient tout de même fait 2e aux 24 Heures du Mans mais malheureusement, Gibol n’avait pas le niveau en championnat du monde et il avait été remplacé par un petit jeune que Jean-Bernard avait repéré lors du Grand Prix de France au Paul-Ricard : Pierre-Étienne Samin. C’est ensemble qu’ils avaient gagné les 1000 Km de Zeltweg, en Autriche, la première victoire de la Suzuki officielle. »

« En 1980, j’avais mon boulot de contremaître au Gaz de France, je rentrais le soir pour aller à l’atelier de Jean-Bernard, j’en sortais du championnat d’Europe d’endurance en 1978. Avec Nono, on avait plus une relation de frangins que de copains. J’étais toujours chez eux pour bosser, les parents étaient super cool, il y avait cette envie d’aller plus loin, c’est un peu tout ça qui nous a guidés avant que ça ne devienne plus sérieux avec les Suzuki. C’est donc l’année 1978 qui a été le tournant de notre carrière, si j’ose dire. Forts de ces résultats, on a postulé chez Suzuki. Ça a pas mal traîné avant que les Japonais nous donnent leur réponse, positive : neuf mois ! Alors, une fois que le feu vert a été donné, il a fallu aller très, très vite. En gros, ça s’est démêlé pendant l’hiver 1979-1980 et il fallait être prêt pour les 24 Heures du Mans en avril. Les Japonais avaient déjà préparé la moto, qui n’avait plus rien à voir avec la série, surtout au niveau de la partie-cycle. Elle était entièrement repensée. Et à l’époque, c’était une super moto. On se classe 2 des 24 Heures du Mans, on gagne les 1000 Kilomètres de Zeltweg en Autriche, on fait de très belles places sur les autres épreuves du championnat du monde, et aux 8 Heures de Suzuka, on finit 4e. Pour notre première venue sur cette épreuve, pour un équipage européen, c’était quelque chose de fabuleux. On sort de Suzuka en tête du championnat du monde. »

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