Disques pop rock
The Jaded Hearts Club
“You’ve Always Been There”
BMG
Les Anglais nous feront toujours rire. A en croire le communiqué de presse de cet album, Jaded Hearts Club serait né accidentellement. En 2017, à Los Angeles. Où réside Jamie Davis, un musicien anglais ex-gérant de Transcopic Records, le label de Graham Coxon. Pour son anniversaire, Davis a voulu requérir les services d’un groupe qui reprend les Beatles, mais n’en aurait pas trouvé. A coup sûr, il n’a pas bien cherché. Car aux USA, comme en Angleterre et même en France, des formations susceptibles de se frotter dignement au divin répertoire, il y en a. Finalement, Jamie opte pour un plan B et monte un groupe avec des compatriotes expatriés et fans, comme lui, des Beatles première période. Miles Kane (The Last Shadow Puppets), Nic Cester (Jet), Matthew Bellamy (Muse) et Sean Payne (The Zutons) répondent à l’appel, tout comme Coxon, jamais le dernier lorsqu’il s’agit de faire un peu de boucan avec des potes. Le résultat ne vaut pas beaucoup plus que ce qu’il est, mais certainement pas moins non plus. “You’ve Always Been There” rassemble une dizaine de standards revisités avec fougue et panache par des gamins qui n’en sont plus, mais sont toujours plus jeunes (et vivants…) que ceux dont ils reprennent des tubes (Marvin Gaye, The Four Tops, Isley Brothers, Human Beinz, Kingsmen…). Tout en haut du panier ici, on apprécie ces versions débridées de “Have Love Will Travel” de Richard Berry, avantageusement revisitée par les Sonics en 1965, “Love’s Gone Bad” (de Holland-Dozier-Holland), popularisée par la chanteuse californienne Chris Clark, et surtout l’anachronique “Long And Lonesome Road”, une des sept merveilles du monde de Shocking Blue.
JÉRÔME SOLIGNY
Ian Skelly
“Drifter’s Skyline”
SKELETON KEY
Il faudra un jour se pencher sérieusement sur le cas de The Coral — le groupe le plus sous-estimé des années 2000 — et réévaluer à sa juste hauteur l’oeuvre singulière de cette bande de Liverpuldiens surdoués. Pas de grand groupe sans grands talents: The Coral compte en son sein un nombre invraisemblable de multi-instrumentistes capables d’écrire de splendides chansons pop (seul le bassiste n’a jamais publié d’album sous son nom propre parmi les sept musiciens à avoir figuré dans le groupe). Ian Skelly, batteur et artiste-peintre officiel du groupe, sort aujourd’hui son second album solo après le psychédélique “Cut From A Star” paru en 2012. Composé et enregistré en sept jours dans un studio loué à Berlin, l’album ne porte absolument pas en lui la frénésie créatrice de son auteur. Au contraire, “Drifter’s Skyline” est un album doux et reposé aux sonorités country et folk-rock. Une magnifique collection de chansons aigres-douces et mélancoliques dans laquelle son auteur indique “essuyer ses larmes au soleil” (“Captain Caveman”) et soigne une peine récente dans des chansons ensoleillées (“Over The Moon”). Loin de s’enfermer dans la sinistrose, Ian Skelly semble s’épanouir dans l’adversité. Entre country cosmique (“Jokerman”, “Travelling Mind”, “Spirit Plane”), folk psychédélique (“Drifter’s Skyline”, “Lady In Comus”), celui qui reste ce grand frère un peu mystérieux et toujours à l’arrière-plan du chanteur James Skelly, s’affirme véritablement ici, en dehors de The Coral, comme un singersongwriter de premier ordre.
ERIC DELSART
Elvis Costello
“Hey Clockface”
CONCORD RECORDS/UNIVERSAL MUSIC
Apparu sur la scène punk l’année où Presley mourait, Costello n’a cessé depuis son formidable album de présentation “My Aim Is True” de proposer de nouvelles directions musicales, allant de la new wave (“Armed Forces”) à la country (“Almost Blue”) en passant par l’adjonction d’un quatuor à cordes (“The Juliet Letters” avec le Brodsky Quartet en 1993). Là, il est vite clair que l’Elvis à lunettes est très, mais alors très en colère. “Au moins l’empereur Néron avait l’oreille musicale”, balance-t-il ainsi dans le très militant “We Are All Cowards Now” en écho à l’inculture du Néron moderne et américain. “No Flag”, aux arrangements étranges et envoûtants, balance des lyrics percutants, avec notamment cette intraduisible punchline “You may be choking but I don’t get the gag”, soit “Tu étouffes peut-être mais je ne vois pas ce qu’il y a de drôle”, le mot gag évoquant à la fois le manque de souffle et la blague. Citons également “Hetty O’Hara Confidential” et son débit en forme de
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