Eels
“Extreme Witchcraft”
E WORKS/PIAS
Mark Oliver Everett alias E, fondateur de Eels, appartient à cette catégorie de musiciens aux sombres visions qui écrivent des chansons rock percutantes, résumant une histoire en trois minutes. Deux ans après “Earth To Dora”, Eels sort son quatorzième album studio. Il est produit par E et John Parish comme “Souljacker” vingt ans plus tôt. Multi-instrumentiste et producteur, John Parish n’est pas seulement associé à son travail auprès de PJ Harvey, mais il a officié dans des registres très divers, de 16 Horsepower, Sparklehorse, Giant Sand à Dominique A, Arno, Rokia Traoré. Il possède l’art de mettre en valeur les compositions en allant à l’essentiel. Contrairement à “Souljacker”, les douze morceaux de “Extreme Witchcraft” portent la seule signature de Mark Oliver Everett. En ces temps de pandémie déprimante et d’enfermement, par l’intermédiaire du vidéaste Mark Romanek, l’idée d’une nouvelle collaboration entre E et Parish, entre Los Angeles et Bristol, renaît sous la forme d’échanges, d’allers-retours de mails et de sons. Un peu plus tard, un vieux complice comme le batteur Knuckles, et le bassiste et claviériste Kool G Murder interviennent sur le projet. Dans une interprétation classieuse et impeccable, les douze chansons forment un condensé des différentes expressions d’un rock dans lequel les mots claquent au milieu de guitares saturées et de sonorités agressives entre punk rock bluesy “Steam Engine”, “Better Living Through Desperation”, “What It Isn’t”, glam, “The Magic”, power pop, “Amateur Hour”, ballades tout aussi désespérées, “So Anyway”, pop rock, “Strawberries & Popcorn”, “Grandfather Clock Strikes Twelve”, “Stumbling Bee”, et autoflagellation, “I Know You’re Right”. Un art du rock concis, efficace et addictif.
½
PHILIPPE THIEYRE
The Districts
“Great American Painting”
FAT POSSUM
Depuis l’album “You Know I’m Not Going Anywhere” de 2020, le compositeur de The Districts est le chanteur-guitariste Robe Grote. Principalement inspiré par la new wave britannique des années quatre-vingt et suivantes, les références musicales à Cure, Radiohead, Tears For Fears, voire Sparks sont apparentes, sans toutefois retirer une originalité indéniable à ce groupe formé à Lititz, Pennsylvanie. Enregistré par Joe Chiccarelli au studio Sunset Sound Studio de Los Angeles, le son de l’album est moins monolithique qu’à l’ordinaire. Tous les instruments habituels sont clairement définis et des claviers font leur apparition sur “No Blood”, “Do It Over” ou “Outlaw Love”. Comme annoncé par le chanteur, le climat des chansons reflète autant la sérénité des paysages montagneux de son lieu de retraite — deux mois dans un cabanon situé dans un parc national au fin fond de l’Etat de Washington — que les gaz lacrymogènes qu’il a reçus à Philadelphie lors des manifestations qui ont suivi la mort de George Floyd. A ce sujet, les chansons les plus appuyées par le pied de grosse caisse de Braden Lawrence (“I Want To Feel It All”, “Long End”) et par les riffs du guitariste Pat Cassidy (“White Devil”, “Hover”) sont les plus existantes du chapitre. Pour les amateurs d’ambiance éthérée avec vue sur les chaussures, les lignes de basse de “On Our Parting, My Beloved” et “Revival Psalm” seront l’alpha et l’oméga de Connor Jacobus qui a choisi de partir à la fin de l’enregistrement.
GEANT VERT
Cat Power
“Covers”
DOMINO
On évitera de parler de reprises, terme impropre — merci et clin d’oeil à Vincent Palmer. Il y a les albums consacrés à
