VIVRE ENTRE LES MONDES
C’était au mois de mars. Les seules choses qui étaient encore permises hors de chez soi consistaient en une heure de sortie quotidienne, le plus souvent pour faire du sport. Courir pour arpenter les quelques espaces de ville qu’il était permis de sillonner. Quelle bande-son, alors, dans ce monde déserté, voyait-on défiler au rythme d’une course ? Comme par l’effet d’une pensée magique, un album est sorti à cette époque-là, venu de Californie, et dont la substance même était idéale pour ces moments que l’on souhaitait davantage en apnée ou en apesanteur, planants, que frénétiques et trop rapides. Cette heure-là ne devait surtout pas passer trop vite. Et cet album, nommé Horae, était idéal pour ralentir le temps. Court, uniquement disponible en téléchargement sur la page Bandcamp de la musicienne Sarah Davachi, il résonnait aussi avec la fracture matérielle qui s’opérait partout.
De Los Angeles, elle a composé avec peu de moyens, un synthétiseur Korg des années 1970, un effet d’écho, le: «Ces enregistrements ont été réalisés comme une réponse psychologique à la crise de la covid. Faire de la musique est ma manière de comprendre les choses, et c’est aussi une façon de garder mon esprit occupé. Ma réponse naturelle au désarroi de l’époque.»
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