L’anecdote est connue. Elle est de celles que les concurrents aiment à ressasser des années plus tard. Le détail, ridicule, presque effrayant, qui signerait selon eux la fausseté caractéristique de leur adversaire. La preuve, plus parlante que n’importe quel argument, de la supercherie politique qu’ils combattent. C’est aussi, et surtout, un rêve de journaliste portraitiste : quand il n’avait pas encore 30 ans, Laurent Wauquiez se teignait les cheveux en poivre et sel. C’était l’époque où, pour réussir dans un parti de droite, les ambitieux devaient faire savoir qu’ils étaient énarques, prétendre être des centristes modernes, mais surtout avoir l’air vieux. Comme les temps changent.
Les yeux rivés sur 2027 et sur son reflet capillaire désormais authentiquement gris, l’ancien benjamin de l’Assemblée nationale l’a sans doute déjà remarqué, comme nous tous : pour prétendre aux plus hautes fonctions politiques dans la France macronienne, mieux vaut désormais afficher une jeunesse qu’aucune teinture ne lui permet plus d’imiter.
Il y a d’abord, bien sûr, ce gouvernement. Dirigé par un premier ministre de moins de 35 ans, lui-même nommé par un président élu avant d’en avoir 40. Alors que la guerre déchire l’Europe