Rolling Stone France

I’m a Man

Je suis un homme, quoi de plus naturel en somme… Cette virile déclaration, proclamée jadis chez nous par un certain Michel, n’est pas qu’une fanfaronnade franco-française. Car le rock, comme chacun l’a longtemps cru, est affaire de testostérone. Une affirmation qui fait la teneur d’au moins deux chansons historiques, bien distinctes malgré leurs titres similaires, et popularisées par quatre groupes et artistes bien différents. Dans l’ordre chronologique, Bo Diddley, les Yardbirds, le Spencer Davis Group et Chicago Transit Authority.

“I’m a Man”, donc. Le premier à l’avoir claironné, en mars 1955, se nomme Ellas McDaniel pour l’état civil, plus connu sous le pseudonyme de Bo Diddley. Ce grand gaillard natif du Mississippi avait glané son sobriquet d’après l’appellation d’une guitare rudimentaire, le “diddley bow”, bricolée avec du fil de fer et un goulot de bouteille. Mais c’est avec un tout autre instrument, la fameuse Blue Hawaii no 1 de forme rectangulaire, qu’il se fait remarquer dès 1954. Signé par le prestigieux label des frères Chess, son premier single comporte en face A un titre carrément éponyme, “Bo Diddley”. Mais c’est la face B qui nous intéresse ici: “I’m a Man”, basée sur trois accords désormais universels, et inspirée d’un morceau de Willie Dixon interprété par Muddy Waters, “Hoochie Coochie Man”: une allusion à la danse lascive du même nom, pratiquée plutôt par les femmes, et ici prétexte mâle à vanter ses prouesses sexuelles. Le même Muddy Waters répliquera avec “Mannish Boy”, un titre un tantinet ironique faisant allusion à l’âge tendre du jeune Bo. Qui n’hésite pas, dans la chanson à faire étalage de son expérience d’amant torride (“”), allant jusqu’à épeler le mot M.A.N., des fois qu’on n’aurait pas tout compris. Enregistrée en compagnie

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