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Happy Together

Rien ne sert de chanter, il faut une mélodie à point. Voilà une morale, sauf le respect de ce bon La Fontaine, qui s’applique à merveille aux Tortues dont il est ici question. Des chéloniens électriques qui ont dû parcourir un long et lent chemin avant de toucher au but: la célébrité. Car au début de l’an de grâce 1967, c’est bien ces bestioles-là qui trônaient au sommet des hit-parades, devançant même les lièvres Beatles. Une victoire inattendue, due à une chanson au titre en apparence banal et même un tantinet niais, “Happy Together”. Heureux ensemble, oui, c’est bien le sentiment qui parcourut les millions d’auditeurs découvrant cette fougueuse supplique amoureuse aux harmonies immédiatement mémorisables.

Au début, ils s’appelaient les Magiciens. Un quartet new-yorkais de rock garage, auteur d’une poignée de singles. À la tête de ces obscurs Magicians, un duo de musiciens, Garry Bonner et Alan Gordon. Après leur dissolution, en 1966, le tandem entreprend une carrière d’auteurscompositeurs, histoire de proposer ses œuvres à des artistes nécessiteux. Parmi les chansons en question, un titre semble surnager du lot. Le texte, plutôt simple, évoque un amoureux transi qui s’adresse à ce qui semble être une insensible bien aimée, lui assurant que “le monde pourrait être tellement chouette” s’ils se mettaient ensemble… jusqu’à ce qu’il réalise que sa belle histoire d’amour n’est qu’une liaison passagère.

Alan Gordon, l’un des auteurs de la chanson, raconte: “J’avais un bout de texte mais je ne trouvais pas de musique adéquate. Un matin, après une nuit blanche, m’est revenue en tête la série d’accords que jouait tout le temps le guitariste des Magicians quand il s’accordait. Brusquement, la mélodie et les paroles sont arrivées comme par enchantement…” Une fois l’arrangement complété avec l’aide de Gary Bonner, les deux compères enregistrent une maquette sur un disque d’acétate, comme c’était l’usage à l’époque. Une rondelle qui fait le tour des labels sans succès: la chanson, personne n’en veut. Jusqu’au jour où, à peine audible car usée par de multiples écoutes, elle parvient aux oreilles du nommé Gary Klein, qui cherche une nouvelle direction pour ses poulains… des tortues.

Les Turtles, donc, un groupe de Los Angeles, ont œuvré

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