À FOND LES MANETTES !
« Malheureusement, l’édition n’est pas le milieu qui accueille le plus favorablement l’adaptation et l’exploitation subsidiaire. Proposez à Antoine Gallimard un jeu vidéo sur La Peste de Camus, vous imaginez sa réponse… » Cette petite pique acérée de Stéphane Marsan, directeur de la maison d’édition Bragelonne, montre bien le rapport, parfois ambigu, qu’entretient la littérature avec le jeu vidéo. Pendant très longtemps – et encore aujourd’hui –, le monde de l’édition a regardé l’industrie vidéoludique de haut, comme persuadé que la rencontre ne se ferait jamais. « Quand j’ai commencé dans ce milieu il y a plus de vingt ans, l’industrie était composée de beaucoup de jeunes qui lisaient peu, tandis que les auteurs voyaient le jeu vidéo avec indifférence ou mépris.Aujourd’hui,la plupart des auteurs en vogue jouent aux jeux vidéo car cela fait partie de leur culture », raconte Erwan Le Breton, responsable de la narration chez Ubisoft. Un changement de paradigme reflétant parfaitement le gouffre générationnel qui a longtemps séparé les deux mondes.
D’un monde à l’autre
Et pourtant, la rencontre entre ces deux univers s’est faite assez tôt, avec l’apparition des jeux dits « textuels », premiers titres à incorporer la notion de narration en invitant lecréé en 1980, à un public plus large en développant son champ lexical ainsi que l’intégration d’éléments graphiques. renchérit Erwan Le Breton.
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